Les prix du pétrole rebondissaient, hier, en Asie au lendemain d'une forte correction attribuée à une démarche concertée visant à empêcher que le prix élevé de l'or noir ne pèse sur la reprise. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai (premier jour de cotation à cette échéance) s'appréciait de 54 cents à 106,61 USD dans les échanges électroniques du matin. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai gagnait 28 cents à 124,40 USD. La veille, le prix du brut, qui atteint des niveaux alarmants pour l'économie mondiale sous l'effet des tensions entre Occidentaux et Iraniens notamment, avait plongé à New York à la suite de ce qui apparaît comme des initiatives convergentes pour contenir la flambée des cours. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, s'est engagée à "assurer une offre adéquate de pétrole" et à "ramener les prix à des niveaux raisonnables" pour les producteurs et les consommateurs. Autrement dit à approvisionner le marché pour compenser tout hoquet du robinet iranien. Les Etats-Unis ont de leur côté exempté 11 pays (dont la France, l'Allemagne et le Japon) des nouvelles sanctions financières visant les institutions contribuant à l'importation de pétrole iranien. Enfin la Chine, premier consommateur d'énergie et deuxième consommateur d'or noir au monde, a annoncé qu'elle allait procéder à la plus forte augmentation du prix de l'essence et du gazole en presque trois ans. Les cours étaient néanmoins tirés à la hausse, hier, par des statistiques signalant une chute des stocks de brut aux Etats-Unis. "Le marché réagit en premier lieu au rapport officieux publié par l'Institut américain du pétrole" sur ces stocks, a observé Victor Shum du cabinet de conseil en énergie Purvin and Gertz à Singapour. "Ce rapport indique que les stocks de brut ont baissé de 1,4 million de barils la semaine dernière", a-t-il dit. Les Etats-Unis sont le premier consommateur de pétrole dans le monde, et un repli de ses stocks signale une augmentation de la demande, ce qui fait monter les cours. Le brut recule en Europe, l'Arabie saoudite apaise les inquiétudes sur l'offre Les prix du pétrole accentuaient leur recul la veille en fin d'échanges européens, dans un marché aidé par un renforcement du dollar et rassuré par l'engagement répété de l'Arabie saoudite à renforcer sa production pour ramener les cours du baril à "un niveau raisonnable". Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, s'échangeait à 124,08 dollars, en repli de 1,63 dollar par rapport à la clôture de la veille. "Certains investisseurs ont saisi l'occasion de vendre, alors que le niveau élevé des cours, si les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ne s'aggravent pas, n'est pas justifié par les perspectives économiques mondiales", encore moroses, soulignait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden. "Le manque général d'appétit pour les actifs à risque (comme les matières premières) et le raffermissement du dollar ont également pesé sur le marché du pétrole", ajoutait-il. Le renchérissement du billet vert rend moins attractifs les achats de pétrole, libellés en dollars, pour les investisseurs munis d'autres devises. Par ailleurs, le marché prenait en compte "les efforts de l'Arabie saoudite et de la Libye pour gonfler leur production de brut", ce qui atténuait quelque peu les inquiétudes sur de possibles tensions dans l'offre pétrolière mondiale, a expliqué David Hufton, analyste du courtier PVM. Ainsi, le gouvernement saoudien a indiqué la veille qu'il s'engageait à "assurer une offre adéquate de pétrole" et "ramener les prix à des niveaux raisonnables" pour les producteurs et les consommateurs, selon le quotidien saoudien anglophone Arab News citant le cabinet du Roi. "Après le ministre saoudien du pétrole (ces dernières semaines, ndlr), le cabinet du Roi (d'Arabie saoudite) s'exprime à son tour sur ce sujet, et cela a d'autant plus de poids" pour le marché, a observé Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix, notant que le pays a envoyé ce mois-ci un nombre record de supertankers (11) vers les Etats-Unis. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, avait indiqué à plusieurs reprises ces dernières semaines se tenir prête à compenser tout déficit d'approvisionnement sur le marché pétrolier. Les opérateurs s'inquiètent de l'impact des sanctions internationales contre l'Iran sur le marché du pétrole, l'Union européenne (UE) ayant notamment décidé en janvier un embargo progressif contre le brut iranien. La Libye, de son côté, devrait exporter près de 1,4 million de barils par jour (mbj) en avril, selon des estimations de la compagnie nationale NOC. La production libyenne s'établissait en février à 1,30 mbj selon l'AIE, contre 1,8 mbj avant la guerre civile dans le pays au printemps 2011. "L'accroissement des exportations de brut libyen devraient contribuer à apaiser les tensions sur l'approvisionnement de certains pays européens", contraints en raison de l'embargo contre l'Iran de chercher des sources alternatives d'or noir, observaient les experts de Commerzbank.
Le brut recule à New York: initiatives mondiales pour stopper la flambée Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse la veille à New York après plusieurs initiatives internationales favorables à leur apaisement, ce que le marché interprétait comme une démarche concertée visant à empêcher que le prix élevé de l'or noir ne pèse sur la reprise. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a cédé 2,48 dollars par rapport à la clôture de lundi à 105,61 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). "Le marché commence à voir l'effet de la décision d'apaiser les cours et d'affréter plus de pétrolier vers les Etats-Unis", a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Même si de réelles perturbations advenaient dans la région du Moyen-Orient, le début du printemps dans l'hémisphère nord devrait "soulager la demande et permettre de renforcer les stocks", a fait valoir JPMorgan. Autre élément indiquant une volonté mondiale de freiner la flambée des cours, la Chine a annoncé qu'elle allait procéder à la plus forte augmentation du prix de l'essence et du gazole en presque trois ans en raison des niveaux très élevés des cours du brut. Pékin est le premier consommateur d'énergie et deuxième consommateur d'or noir au monde. "Beaucoup de ressources ont baissé quand ils ont fait cette annonce qui vise à ralentir l'économie", a dit M. Ilczysyn.