La production industrielle japonaise a bondi en avril et les industriels anticipent une poursuite de cette amélioration, qui doit cependant encore se diffuser au reste de l'économie, alors que le chômage est au plus haut depuis 5 ans et demi et que le pays connaît une déflation modérée. Mais des économistes s'interrogent sur la viabilité de cette reprise, qu'ils attribuent avant tout aux mesures de relance du gouvernement, comme les incitations à acheter de nouvelles voitures ou de nouveaux téléviseurs. "Lorsque les mesures de relance s'effaceront, la production industrielle pourrait bien stagner", note Yasuo Yamamoto, économiste chez Mizuho Research Institute, qui souligne la faiblesse des investissements. "Le marché du travail n'est pas bon et les prix sont bas, dessinant une tendance déflationniste. La production industrielle n'est pas suffisamment forte pour relancer le marché de l'emploi, on n'a par conséquent pas le sentiment que l'économie se redresse", ajoute-t-il. La production industrielle a progressé de 5,2% en avril, un rebond largement supérieur aux attentes et au consensus median de +3,2% des économistes. Après cinq mois de recul, avril est le deuxième mois marqué par une hausse de la production industrielle et ce relèvement devrait se poursuivre en mai et juin, selon les anticipations de l'industrie.Les industriels interrogés par le ministère japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Miti) tablent ainsi sur une hausse de 8,8% de la production en mai et de 2,7% en juin. Le yen a légèrement été soutenu par ces chiffres, aux alentours de 96 yens le dollar. Les fabricants de composants électroniques et d'automobiles étaient les plus optimistes dans cette enquête, a précisé à la presse un responsable gouvernemental. Les analystes estiment que l'essentiel de la hausse de la production en avril s'explique par la reconstitution de stocks très bas mais que certaines sociétés pourraient produire aussi plus dans l'espoir d'une hausse de la demande domestique, stimulée par les mesures de relance du gouvernement. "Les exportations devraient progresser de 3-4% en mai par rapport à avril mais la production industrielle va croître bien plus que cela, en raison des mesures de relance ciblant l'automobile et les produits électroniques", estime ainsi Hiroshi Watanabe, économiste chez Daiwa Institute of Research. La production reste cependant proche de ses niveaux de 1984 et un responsable gouvernemental juge que les prévisions doivent être traitées avec prudence.Le Japon souffre toujours d'une déflation modérée, alors que les dépenses des ménages reculent, que le chômage est au plus haut depuis cinq ans et demi et les emplois disponibles au plus bas depuis dix ans. La crise internationale a aussi durement pénalisé les exportations, un moteur clé de la croissance nipponne. Le chômage frappait en avril 5% de la population active au Japon, selon les statistiques publiées vendredi. En mars, les demandeurs d'emplois représentaient 4,8% de la population active en données corrigées des variables saisonnières. Sur le mois d'avril, le nombre des offres d'emploi nouvelles a baissé de 26,5% par rapport à avril 2008. L'économie japonaise n'offre actuellement que 46 emplois pour 100 demandeurs d'emploi, du jamais vu depuis juin 1999. Cette nouvelle dégradation sur le front de l'emploi correspond aux anticipations des analystes. Les signes d'une hausse de la production se sont cependant multipliés ces derniers jours, incitant à plus d'optimisme. Les constructeurs automobiles Toyota et Honda ont ainsi fait état d'une forte demande pour leurs modèles à motorisation hybride, stimulés par des mesures publiques de soutien. Toshiba prévoit lui d'augmenter sa production de puces électroniques en juillet, à un niveau qu'il n'avait pas atteint depuis le début de la baisse de cette production en janvier dernier, rapporte vendredi la télévision publique nipponne NHK.