Avec la financiarisation totale de l'économie et la destruction des capacités agricoles, industrielles, et technologiques au Nord comme au Sud, un phénomène d'hyperinflation frappe le monde de plein fouet. Nous avons rapporté récemment l'explosion du prix des pâtes, des tortillas et du lait qui menace des centaines de millions de vies même en France et en Europe, et l'industrie est également sujette à un racket financier. La dépréciation actuelle des titres financiers, déclenchée par l'effondrement du marché immobilier " subprime " américain, provoque un repli des spéculateurs sur les matières premières qui sont les produits de base pour la production des biens de consommation courants et des biens d'équipement. Les prix des métaux de base ont reculé cette semaine sur le London Metal Exchange (LME), pâtissant comme l'ensemble des marchés financiers des craintes d'une propagation de la crise du crédit américaine à l'économie mondiale et d'un assèchement des liquidités. Pour les matières premières, les répercussions de la crise du crédit sont double. Dans un premier temps, elles suscitent un mouvement d'aversion au risque qui pousse les investisseurs à liquider des positions pour prendre leurs bénéfices. Dans un deuxième temps, et à plus long terme, la crise peut être synonyme de ralentissement économique et de baisse de la demande. Pour l'heure, comme l'explique Michael Widmer, analyste chez Calyon, la logique de la baisse des prix est en priorité financière. "Pour l'instant, la crise est circonscrite au secteur financier. L'économie réelle, et donc la demande de métaux, n'y ont pas encore réagi. C'est pourquoi les fondamentaux de l'offre et de la demande sont les mêmes qu'il y a deux ou trois semaines pour les métaux", avance-t-il. "Nous voyons plutôt des investisseurs qui perdent de l'argent sur certains secteurs de leur portefeuille, et qui, pour couvrir ces pertes, prennent leurs bénéfices sur d'autres actifs. Les matières premières en général, et les métaux en particulier, sont très exposés à ces liquidations, parce qu'ils sont considérés comme des actifs sur lesquels on peut dégager de solides bénéfices, mais risqués", souligne-t-il. Dans ce contexte, le Nickel a continué sa glissade, et touché un plus bas depuis presque un an. Le métal s'est replié jusqu'à 25 650 dollars la tonne vendredi, un niveau plus vu depuis la mi-septembre 2006. Son prix a été divisé par deux depuis son record historique du mois de mai, à 51 800 dollars la tonne. Après sa flambée, il a pâti d'une baisse de la demande permise par un plus grand recours à des produits de substitution moins chers, et d'une reconstitution progressive des stocks sur le LME. Vendredi, ceux-ci ont grimpé au plus haut depuis mai 2006, à 18.804 tonnes. Le cuivre s'est replié vendredi jusqu'à 7.275 dollars la tonne, un plus bas depuis la fin juin. L'aluminium n'a pas été épargné. Il est tombé à son plus bas depuis le 8 janvier vendredi, à 2 570 dollars la tonne. "Dans la mesure où les fondamentaux actuels ne contribuent pas à donner une direction au marché, on peut s'attendre à le voir suivre le cuivre à la baisse", ont estimé les analystes de Barclays Capital. Le plomb, qui récemment battait des records historiques, a fait les frais du mouvement d'ensemble, et reculé jusqu'à 2 775 dollars la tonne, soit une baisse de plus de 20% par rapport à son record de 3 500 dollars la tonne du 23 juillet. Le zinc a pour sa part cédé 4,7% sur la semaine. Pour la deuxième semaine consécutive, l'etain a nagé à contre-courant. Il a atteint un nouveau pic à 17.050 dollars la tonne mardi puis préservé suffisamment de ses gains pour terminer la semaine en légère hausse. Il reste soutenu par les craintes entourant l'approvisionnement en Indonésie, où l'offre est toujours sévèrement amputée, depuis l'opération coup de poing du gouvernement contre les hauts-fourneaux illégaux en octobre dernier. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois coûtait 7 400 dollars la tonne vendredi vers 14H00 GMT, contre 7 785 dollars vendredi dernier vers 14H45 GMT.