Les cours des métaux échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont été sévèrement châtiés cette semaine, pris en enclume entre des perspectives économiques moroses et des stocks qui montent dans les entrepôts du LME. "Les métaux ont été les maillons faibles parmi les matières premières récemment", ont observé les analystes de la banque Barclays Capital, notant toutefois que cela n'était pas vrai des métaux non cotés, comme l'acier. "Le cuivre, baromètre des métaux de base, s'est échangé à son plus bas niveau depuis mars", ont-ils souligné. L'humeur vendeuse des investisseurs s'est encore renforcée cette semaine avec les mauvaises nouvelles venues des Etats-Unis. Prenant en compte les conséquences de la crise immobilière et financière, la Fed a donné un pronostic de croissance aussi bas que 1,8% pour 2008. "Les inquiétudes sur la demande se sont amplifiées dans un environnement de marchés actions peu brillants" et de flambée pétrolière, fardeau pour la croissance, a ajouté Robin Bhar, analyste de la banque UBS. "Même la glissade du dollar face à l'euro n'a pas réussi à empêcher les prix des métaux de chuter", a-t-il ajouté. En théorie, la faiblesse du billet vert favorise le prix des métaux en renforçant le pouvoir d'achat des investisseurs hors zone dollar. Or, le dollar est tombé vendredi à 1,4967 face à l'euro, un plus bas depuis la création de la monnaie unique. "A court terme, les prix devraient baisser, sauf si la tendance à la hausse des stocks sur le LME s'inverse", résume Robin Bhar, ajoutant que ces prix liquidés pourraient attirer des acheteurs, alléchés par la perspective de réaliser de bonnes affaires. Même le plomb, grande vedette des derniers mois, est tombé en désamour auprès des investisseurs. Il a essuyé une baisse de 13% cette semaine, ce qui le ramène à un niveau qu'il n'avait pas touché depuis la crise financière d'août. Par rapport à son record historique (3 890 dollars la tonne, en octobre), le métal mou a perdu près de 30%. Les prix sont plombés par la hausse des stocks au LME, montés à 43 275 tonnes, un plus haut depuis 5 mois. La perspective, rapportée par des analystes, d'une reprise en janvier des exportations de la mine australienne de Magellan (Australie) opérée par Invernia, a pesé aussi sur les prix. Massivement vendu, le Zinc a perdu environ 11% de sa valeur. Il est retombé à 2 135 dollars, son plus bas niveau depuis mars 2006. Chutant de 9%, le Nickel est tombé à 28 600 dollars la tonne, un plus bas depuis deux mois. Le CUIVRE a perdu près de 3% de sa valeur. Son prix est tombé jeudi à 6 340 dollars, un plus bas depuis huit mois. "La crainte de voir un surplus en 2008 grandit, sachant que les hauts fourneaux chinois ont accéléré la cadence", rapporte David Thurtell, analyste de la banque BNP Paribas. L'aluminium n'a perdu que 2,5%. Le métal blanc a reçu le renfort du pétrole, dont le prix frôle actuellement 100 dollars le baril. La cherté du baril pourrait se répercuter sur le prix de l'aluminium car la transformation de la bauxite en métal par électrolyse est très gourmande en énergie. Celle-ci "représente 30% du coûts de production, deux fois plus que les autres métaux", a indiqué Robin Bhar. l'étain s'est replié de 4% mais son prix reste proche du record touché la semaine dernière à 17 575 dollars la tonne. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois coûtait 6 690 dollars la tonne vendredi vers 14h00 GMT contre 6 875 dollars vendredi dernier. L'aluminium valait 2485 dollars la tonne, contre 2550. Le zinc valait 2240 dollars la tonne, contre 2510. Le nickel valait 28 600 dollars la tonne, contre 31 400. L'étain valait 16 600 dollars la tonne, contre 17'350. Le plomb valait 2 900 dollars la tonne, contre 3 340. Côté matières premières agricoles, l'Organisation internationale du sucre (ISO) a estimé vendredi que la campagne allant d'octobre 2007 à septembre 2008 se solderait par un excédent de production mondial de sucre de 11,139 millions de tonnes (Mt), un record. L'organisation révise ainsi encore en hausse son pronostic d'excédent: en août, elle tablait sur une production de 10,8 millions de tonnes supérieure à la demande. Le déséquilibre se creusera donc encore un peu plus, après un excédent déjà substantiel de 11,045 millions de tonnes en 2006/07. La production totale se montera à 170,3 Mt sur le cycle 2007/08, en hausse de 2,58% sur un an. Parallèlement, la consommation augmentera de 2,70%, à 159,2 Mt. Parmi les facteurs entretenant ce déséquilibre, l'ISO cite particulièrement "la croissance continue de la production en Inde". La récolte indienne de sucre en 2007/08 devrait en effet se monter, selon les premières projections de l'ISO, à un record de 33,15 millions de tonnes, 2,5 tonnes de plus que lors de la dernière campagne.