L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan était en visite, hier, à Moscou pour établir si la Russie fera pression sur son allié syrien pour endiguer les violences. Il doit rencontrer le président russe Dmitri Medvedev et son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. M. Annan s'est entretenu à "l'heure du déjeuner" avec M. Lavrov puis, dans l'après-midi, avec le chef de l'Etat russe, a indiqué le porte-parole de l'émissaire sans apporter plus de précisions. Le ministère russe des Affaires étrangères avait indiqué auparavant que cette visite visait à analyser les "moyens pour parvenir à un règlement du conflit inter-syrien". M. Annan doit également se rendre à Pékin, demain et mercredi, pour des entretiens avec les dirigeants chinois. La Russie et la Chine, fidèles alliées de Damas, ont bloqué deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie qui a fait plus de 9 000 morts en un an, selon une ONG. Les deux pays ont voté mercredi une déclaration du Conseil de sécurité soutenant la médiation de M. Annan et demandant à la Syrie d'appliquer sans tarder ses propositions de règlement. Combats entre soldats et déserteurs, assauts des villes rebelles De violents combats avaient lieu, hier, entre militaire dissidents et soldats dans plusieurs villes rebelles syriennes pilonnées et attaquées par les forces du régime déterminé à étouffer la révolte, selon des militants et une ONG. Les violences continuaient de plus belle au moment où l'émissaire international Kofi Annan devait évaluer à Moscou les intentions des dirigeants russes à l'égard de leur allié syrien, resté sourd aux appels à cesser la répression sanglante de la révolte. Alors que la révolte populaire entamée le 15 mars 2011 se militarise, les affrontements ont pris de l'ampleur et gagné la capitale. La veille, l'Armée syrienne libre (ASL) formée de militaires dissidents, a annoncé la création d'un Conseil militaire unifié, regroupant l'ensemble des forces rebelles dont celles du général Moustapha Al-Cheikh, pour faire face au régime. Dans la province de Damas, un groupe de déserteurs a tiré des roquettes à l'aube sur des centres de la sécurité militaire et de la sûreté d'Etat à Nabk (80 km au nord-est de la capitale), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Mohammad al-Chami, un militant sur place, a affirmé que des combats avaient en outre opposé soldats et déserteurs toute la nuit et jusqu'aux premières heures de la journée, notamment à Douma, à 13 km au nord-est de la capitale syrienne. A la frontière avec la Turquie, la localité d'Aazaz dans la province d'Alep (nord), continuait d'être pilonnée et survolée par des hélicoptères militaires, selon les LCC. Les déserteurs de l'ASL bloquent une autoroute afin d'empêcher l'armée d'acheminer des renforts. Par ailleurs, des manifestations nocturnes ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Damas et à Idleb, selon des militants. La veille, 46 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences. Obama et Erdogan d'accord sur une aide non-militaire aux rebelles Le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan sont convenus, hier, d'apporter une aide non-militaire aux rebelles syriens, dont des équipements de communication, a annoncé un responsable américain. Les deux dirigeants, qui se sont rencontrés à Séoul à la veille d'un sommet sur la sécurité nucléaire, ont plaidé pour que la conférence des Amis de la Syrie qui se tiendra le 1er avril à Istanbul accorde cette aide à l'insurrection syrienne ainsi que du matériel médical, a déclaré le conseiller adjoint à la sécurité nationale des Etats-Unis, Ben Rhodes. Les pays amis de la Syrie se réuniront pour discuter des moyens permettant de venir en aide à l'opposition syrienne et de mettre un terme à la répression exercée par le régime de Damas. La première rencontre du groupe avait rassemblé fin février à Tunis les représentants d'une soixantaine de pays arabes et occidentaux. Washington a dit à maintes reprises son opposition à la livraison d'armes aux rebelles syriens et à une intervention militaire unilatérale. MM. Obama et Erdogan ont par ailleurs réitéré leur appel pour un processus de transition vers un gouvernement légitime en Syrie. Recep Tayyip Erdogan a souligné que 17 000 réfugiés syriens avaient fui en Turquie. Nous ne pouvons être de simples spectateurs de la crise humanitaire entraînée par la répression, a-t-il dit. La répression du mouvement de contestation en Syrie depuis un an a fait plus de 9 100 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).