La Turquie a fermé, hier, son ambassade à Damas, en raison d'une dégradation des conditions de sécurité en Syrie, a-t-on indiqué de source diplomatique turque. Les activités de l'ambassade de Turquie ont été suspendues à partir de ce matin (hier), a précisé cette source sous couvert de l'anonymat, soulignant que l'ensemble du personnel diplomatique turc avait quitté la capitale syrienne. Le consulat général de Turquie à Alep, la grande ville syrienne du nord du pays, proche de la frontière turque, restera en revanche ouvert, a-t-on ajouté de même source. La fermeture de notre ambassade est évidemment un fort message politique au régime de Damas, a-t-on par ailleurs souligné de source proche du gouvernement turc. Ankara suit ainsi l'exemple de plusieurs pays de l'UE (Italie, Espagne, France, Royaume-Uni, Pays-Bas) des Etats-Unis et des six monarchies arabes du Golfe. La Turquie a rompu avec son voisin et ex-allié syrien en raison de la répression et appelé au départ d'Assad. Istanbul accueillera, dimanche prochain, une deuxième réunion des pays amis de la Syrie pour discuter des moyens permettant de venir en aide à l'opposition syrienne et de mettre un terme à la répression du régime de Damas. La première rencontre du groupe avait rassemblé fin février à Tunis les représentants d'une soixantaine de pays arabes et occidentaux. La fermeture de l'ambassade turque en Syrie est intervenue quelques heures après une rencontre à Seoul entre le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui sont convenus la veille d'apporter une aide non-militaire aux rebelles syriens, dont des équipements de communication, a annoncé un responsable américain. La mission d'Annan en Syrie pourrait être celle de "la dernière chance", selon Medvedev Le président russe Dimitri Medvedev, qui a rencontré, avant-hier après-midi, à Moscou Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, lui a dit que sa mission "pourrait être la dernière chance pour la Syrie d'éviter une longue et sanglante guerre civile". M. Medvedev a aussi dit à Kofi Annan qu'il avait le soutien total de la Russie dans sa mission. "Nous apprécions énormément vos efforts", a affirmé le président russe lors d'une partie de leur entretien diffusée par la télévision. "Cela pourrait être la dernière chance pour la Syrie d'éviter une longue et sanglante guerre civile. Par conséquent, nous apporterons tout l'aide possible", a-t-il ajouté. Auparavant, Kofi Annan avait eu un déjeuner de travail avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. L'ancien secrétaire général des Nations unies n'a fait aucun commentaire à l'issue de ce déjeuner. M. Annan est ensuite attendu à Pékin mardi et mercredi. La Russie et la Chine ont mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU destinée à faire pression sur le président syrien Bachar el-Assad, notamment parce qu'elle n'appelait pas l'opposition à cesser les combats. Mais Moscou a soutenu le travail effectué par Kofi Annan en tant qu'émissaire. Opérations sécuritaires à travers le pays, Homs violemment bombardée L'armée syrienne bombardait violemment, hier, Homs, dans le centre du pays, ainsi que plusieurs villes rebelles, après des manifestations nocturnes à travers la Syrie, selon des militants. Khaldiyé, un quartier de Homs bombardé en continu depuis près d'une semaine, était sous le feu des obus de mortier de l'armée du régime de Bachar al-Assad, ont rapporté les Comités locaux de coordination (LCC). Les LCC, qui animent la contestation sur le terrain, ont en outre fait état de bombardements violents sur les quartiers de Bab Houd et Hamidiyé, ainsi que sur la vieille ville de Homs. L'armée a lancé un assaut sur le village de Chatouriya et affronté les déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) dans la localité de Darkouch, où les bombardements ont provoqué l'incendie de plusieurs maisons, selon les LCC. Des campagnes d'arrestation ont également été menées dans les régions de Deraa (sud) et Deir Ezzor (est), selon l'OSDH. A Hama (centre), de nombreux habitants ont défilé dans plusieurs quartiers, avant-hier soir, tard pour dénoncer les perquisitions menées dans la journée par les troupes à la recherche de militants, ont rapporté des militants locaux. Les troupes ont arrêté des militants et des médecins et brûlé les maisons de plusieurs d'entre eux. Elles ont isolé la ville en installant des barrages à ses entrées et déployé de nombreux tireurs embusqués à des endroits surplombant la ville, a-t-il déclaré. Des manifestations ont également eu lieu dans la nuit à Damas et Alep (nord) et leurs régions, en soutien à l'ASL et pour réclamer la chute du régime et de ses dignitaires. Les contestataires choisissent souvent de manifester la nuit tombée, plutôt que dans la journée, pour des raisons de sécurité. Avant-hier, 42 personnes ont péri en Syrie, selon l'OSDH.