Les prix du pétrole étaient mitigés, hier, en Asie, les investisseurs étant tiraillés entre l'espoir du maintien d'une politique monétaire souple aux Etats-Unis et les craintes concernant la demande chinoise dont l'économie montre des signes d'essouflement. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait un cent, à 107,04 USD dans les échanges électroniques du matin, tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai abandonnait neuf cents à 125,56 USD. "Le marché des matières premières a positivement réagi aux commentaires du (président de la Réserve fédérale, Ben) Bernanke sur la poursuite des mesures de stimulation" de l'économie américaine, a relevé Nick Trevethan du cabinet ANZ Research. "Mais il existe des inquiétudes liées à la faible demande chinoise", a-t-il ajouté. La conjoncture chinoise en revanche inquiète les marchés. L'indice PMI des directeurs d'achat de la banque HSBC montre une contraction de l'activité manufacturière en Chine en mars, chutant à un plus bas niveau en quatre mois. L'indice s'établit provisoirement à 48,1, contre 49,6 au mois de février et 48,8 en janvier. Un indice supérieur à 50 indique une expansion, et un chiffre inférieur à ce seuil une contraction. Heurtée notamment par la crise dans la zone euro, la croissance de la deuxième économie mondiale est tombée à 8,9% sur un an au dernier trimestre, contres 9,2% en 2011, et devrait encore ralentir plus nettement au premier trimestre de cette année, selon les analystes. Les analystes s'alarment également des faibles réserves d'or noir qui entretiennent la volatilité des cours. "Avec un excédent potentiel de 1,7 million de barils par jour au maximum et des stocks bien inférieurs à la moyenne saisonnière, la médiocre capacité d'absorption des chocs par le marché explique son extrême nervosité", notait Barclays Capital. Le brut hésite en Europe Les prix du pétrole hésitaient la veille en fin d'échanges européens, reculant à New York mais progressant à Londres, les opérateurs faisant preuve de prudence dans un marché tiraillé entre les craintes sur l'offre iranienne et les inquiétudes sur la demande mondiale. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, s'échangeait à 125,34 dollars, en hausse de 21 cents par rapport à la clôture de vendredi. Les cours du baril oscillaient autour de l'équilibre dans une fourchette étroite, le marché reprenant son souffle après la forte hausse enregistrée vendredi, qui avait vu le prix du Brent bondir momentanément de 4 dollars, après des informations de presse faisant état d'une chute des exportations iraniennes de brut en mars. Cependant, les prix du brut ont rapidement limité leurs gains,i", observait Michael Hewson, analyste du courtier CMC Markets. Les inquiétudes sur la solidité de la consommation énergétique restent vives et pèsent toujours sur le marché, alors que "la hausse des prix menace d'affecter négativement la croissance économique mondiale", estimait de son côté David Morrison, analyse du courtier GFT Markets. Le marché restait cependant soutenu par les tensions entre l'Iran et les pays occidentaux, les investisseurs redoutant que, sous la pression des sanctions internationales contre Téhéran, les hoquets de la production iranienne d'or noir ne viennent exacerber les tensions sur l'offre pétrolière en provenance du Moyen-Orient. Toutefois, ces craintes étaient quelque peu tempérées la veille par l'espoir d'un rapprochement entre Soudan et Soudan du sud, "les deux pays ayant indiqué leur intention de reprendre leurs négociations sur leur différend", qui exacerbe depuis deux mois les tensions sur l'offre mondiale de brut, soulignaient les experts de Commerzbank. Les relations entre les deux Etats se sont détériorées depuis janvier quand le Soudan du sud a interrompu sa production de pétrole, qui s'établit à 350 000 barils par jour, accusant Khartoum de détourner illégalement une partie du brut sud-soudanais transitant sur son territoire. "Le récent rapprochement entre Soudan et Soudan du sud entretient l'espoir que leur différend sera bientôt résolu, avec un accord qui est attendu par le Soudan du sud en mai", indiquaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy. "C'est une perspective bienvenue pour les grands pays consommateurs de brut", inquiets par ailleurs de l'impact de la crise iranienne, expliquaient les analystes. Le pétrole finit en hausse à New York Les cours du pétrole ont terminé en légère hausse la veille à New York, à la suite de commentaires prudents du président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, suggérant le maintien d'une politique monétaire accommodante aux Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a grignoté 16 cents par rapport à la clôture de vendredi, finissant à 107,03 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le président de la Fed Ben Bernanke a dit en substance qu'il était toujours préoccupé par la croissance, et particulièrement par l'emploi, a relevé Bart Melek, de TD Securities. Cela signifie que la Banque centrale ne va très certainement pas augmenter ses taux d'intérêt avant 2014, ce qui a aidé le WTI qui a débuté la séance dans le vert, avant d'osciller autour de l'équilibre et de terminer en légère hausse, a-t-il poursuivi. Le président de la Fed a indiqué qu'il n'était toujours pas certain que la reprise de l'emploi aux Etats-Unis soit durable. Pour lui, la situation du marché de l'emploi reste loin d'être normale, ainsi qu'il l'a déclaré à plusieurs reprises ces derniers temps. La Fed a indiqué le 13 mars qu'elle doutait encore de la viabilité de la reprise en cours depuis bientôt trois ans aux Etats-Unis et qu'elle maintenait par conséquent intact le soutien très important qu'elle apporte à l'économie du pays. En outre, un dollar plus faible et un regain d'appétit pour le risque soutiennent les prix du brut, a indiqué Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric). Une baisse du dollar face à l'euro rend plus attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises. Toutefois, les propos du patron de la Fed permettaient également aux courtiers de se rendre compte que la croissance américaine avait peut-être été surestimée et que les chances que la demande en brut soit aussi forte qu'avant (la crise de 2008) ne sont pas aussi fortes que le marché ne le pensait, ce qui contribuait à freiner la hausse des cours, a ajouté M. Melek.