Les prix du pétrole étaient en baisse, avant-hier en Asie, après des déclarations de responsables français sur un éventuel recours aux réserves stratégiques, ont indiqué les analystes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 15 cents, à 105,26 USD dans les échanges électroniques du matin, tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai abandonnait 16 cents à 124 USD. "Les prix du brut se sont légèrement affaiblis car le marché s'attend à ce que les Etats-Unis et plusieurs pays européens aient recours à leurs réserves stratégiques de pétrole" pour enrayer l'envolée du brut, a déclaré Sanjeev Gupta, qui dirige la branche pétrole et gaz Asie-Pacifique chez Ernst and Young. Le ministre français de l'Industrie Eric Besson s'est dit la veille favorable à la proposition américaine et britannique d'autoriser les Etats à puiser dans les réserves stratégiques de pétrole pour lutter contre la hausse des cours du brut. Une consultation est en cours à ce sujet auprès de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), et la France "accompagne" les Etats-Unis et le Royaume-Uni dans cette démarche, avait précisé la porte-parole du gouvernement français Valérie Pécresse. Les cours étaient également affaiblis par la hausse inattendue des stocks hebdomadaires de brut aux Etats-Unis. Les chiffres hebdomadaires du département de l'Energie américain (DoE) ont fait état d'une progression trois fois plus forte que prévu des stocks pétroliers aux Etats-Unis. Le repli s'accentue en Europe Les cours du pétrole accentuaient leur repli en fin d'échanges européens, dans un marché sous pression alors que la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis pourraient avoir recours à leurs réserves stratégiques afin de lutter contre des prix toujours élevés. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 122,88 dollars, en baisse de 1,28 dollar par rapport à la clôture de la veille, et retrouvant des niveaux plus vus depuis une semaine. "Les vents contraires auxquels font face les cours du pétrole prennent de plus en plus de force", commentaient les analystes de Commerzbank. En effet, la France affiche depuis quelques jours son accord à un recours aux réserves stratégiques de pétrole afin d'endiguer le renchérissement des cours du brut. Avant-hier, le ministre français de l'Economie François Baroin a déclaré que la France table "raisonnablement" sur un feu vert de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à qui les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont fait une proposition sur un recours aux stocks stratégiques. De son côté, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a prévenu, avant-hier, que la récente flambée des cours du pétrole "menace" la reprise économique des pays riches et pourrait doper l'inflation. "L'an dernier, la décision de l'AIE d'un recours aux stocks stratégiques en Europe et aux Etats-Unis pendant l'interruption de la production libyenne, avait entraîné la sortie de 30 millions de barils de ses caves entre juillet et septembre", rappelaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Cependant, ce recours aux réserves n'avait eu qu'un effet temporaire sur les cours, qui étaient rapidement repartis à la hausse à l'automne. "Le recours aux réserves stratégiques est censé être la dernière cartouche, et si les pays occidentaux sont en train d'envisager sérieusement cette solution, cela prouve le manque d'engagement reçu de la part de l'Arabie saoudite pour palier à l'absence du pétrole iranien", alors qu'un embargo décrété en janvier par l'Union européenne (EU) sur l'or noir d'Iran doit prendre totalement effet en juillet, estimait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. Cet embargo fait partie des sanctions affligées à l'Iran, que les pays occidentaux soupçonnent de développer illicitement un programme nucléaire à portée militaire. Dans un entretien accordé au journal économique Financial Time, le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Naimi, a assuré une nouvelle fois que son pays, premier exportateur mondial, "agira pour baisser les prix du pétrole élevés", tout en estimant que "le marché reste équilibré", et qu'il n'y a pas de risque de pénurie. Pour M. Jakob, ces commentaires n'avaient que peu d'impacts sur le marché, car "le monde a besoin de preuves concrètes, sous la forme de barils, et pas de paroles". En outre, les inquiétudes sur la demande énergétique des Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir, plombaient aussi les cours, au lendemain de l'annonce d'une hausse trois fois plus forte que prévu des stocks de brut américains lors de la semaine achevée le 23 mars.
Le pétrole finit en nette baisse à New York après les commentaires de l'AIE Les cours du pétrole ont fini en nette baisse, avant-hier à New York, sous l'effet des commentaires de l'Agence internationale de l'énergie, qui n'a pas exclu de recourir aux réserves stratégiques de brut pour soulager les cours. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a terminé en repli de 2,63 dollars par rapport à la clôture de la veille, à 102,78 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Sans approuver le recours à ces stocks défendu par plusieurs Etats, l'Agence internationale de l'énergie, qui coordonne les réserves de pétrole stratégiques des grands pays occidentaux, s'est dite, avant-hier, prête à agir pour garantir l'approvisionnement du marché. Le marché pétrolier s'est tendu ces derniers mois; les prix du pétrole brut sont à un niveau très élevé, et les prix de l'essence ont touché des niveaux record dans certains de nos pays membres. L'Agence internationale de l'énergie, comme beaucoup d'autres, s'inquiète de l'impact de ces prix élevés alors que la reprise économique reste fragile, a déclaré la directrice exécutive de l'Agence, Maria van der Hoeven. L'AIE surveille attentivement les développements sur le marché et maintient des contacts étroits avec ses pays membres, pour échanger les vues sur la situation du marché pétrolier, a-t-elle poursuivi, dans une brève déclaration publiée à l'issue d'une réunion trimestrielle de deux jours d'experts des pays membres de l'organisation. C'est révoltant!, a lancé Phil Flynn, analyste chez PFG Best. Le seul but de cette décision est électoral, a-t-il ajouté alors que la France et les Etats-Unis sont en campagne pour les présidentielles. Il a expliqué que la hausse des prix de l'or noir provenait avant tout des perturbations au Moyen-Orient. Le problème, ce n'est pas une pénurie, ce sont les problèmes d'approvisionnement, a-t-il lancé.