L'Iran présentera de nouvelles initiatives pour tenter de régler la crise autour de son programme nucléaire controversé lors des discussions prévues samedi à Istanbul avec les grandes puissances, a affirmé, hier, le chef des négociateurs iraniens Saïd Jalili. La délégation iranienne aura de nouvelles initiatives et nous espérons que l'autre partie aura une approche identique et constructive pour entrer dans les négociations, a ajouté M. Jalili dans une déclaration à la chaîne iranienne en arabe Al-Alam. M. Jalili, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien et négociateur officiel de Téhéran dans le dossier nucléaire, n'a pas précisé de quelle nature pourraient être les initiatives iraniennes. Les Etats-Unis, l'un des interlocuteurs de l'Iran au sein du groupe des 5+1 réunissant également Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne, ont appelé, lundi, Téhéran à prendre des mesures concrètes pour convaincre les grandes puissances qu'il n'avait pas l'intention de se doter de l'arme nucléaire. La communauté internationale soupçonne l'Iran, malgré ses démentis, de dissimuler des visées militaires derrière son programme nucléaire civil. Téhéran a été condamné par six résolutions de l'ONU dont quatre assorties de sanctions. Evoquant ces sanctions, renforcées depuis 2010 par un embargo commercial, financier et pétrolier des Etats-Unis et de l'Europe, M. Jalili a souligné que le langage de la menace et de la pression n'a jamais donné de résultat et n'a fait que renforcer la détermination du peuple iranien. Téhéran est en revanche prêt pour des négociations réussies et pour plus de coopération avec le groupe 5+1, a-t-il affirmé. L'Iran ne renoncera pas à ses droits, ne craint pas les sanctions Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré la veille que l'Iran ne renoncera pas à ses droits et ne craignait pas les sanctions pétrolières à la veille de la reprise des négociations nucléaires avec les pays du groupe 5+1 samedi à Istanbul, a rapporté la télévision d'Etat. Quiconque veut porter atteinte aux droits du peuple iranien, sera remis à sa place et recevra une telle gifle qu'il sera incapable de retrouver le chemin pour rentrer à la maison, a déclaré M. Ahmadinejad. Les responsables iraniens ont répété ces derniers jours qu'ils n'accepteront aucune condition préalable à la reprise des négociations avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Selon les médias américains, les pays occidentaux pourraient notamment demander à l'Iran d'arrêter l'enrichissement d'uranium à 20%, de fermer le site de Fordo, enfoui sous la montagne et difficile à attaquer militairement et d'accepter un renforcement des inspections de ses sites nucléaires. Le chef du programme nucléaire iranien, Fereydoun Abbassi Davani, a exclu dimanche la fermeture du site de Fordo et a affirmé que l'Iran n'avait pas l'intention de faire de l'enrichissement d'uranium pour une durée indéterminée. Nous produirons et stockerons de l'uranium à 20%, la quantité nécessaire pour plusieurs années de combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran et éventuellement, un nouveau réacteur de recherche pour la production de radio-isotopes, a-t-il dit cité, avant-hier, par la presse. Il n'est pas prévu de continuer l'enrichissement à 20% très longtemps. Lorsque nous aurons le combustible nécessaire, nous diminuerons la production (de l'uranium à 20%) et nous pourrons même le remplacer par la production d'uranium à 3,5% dans les deux sites d'enrichissement de Fordo et Natanz, a-t-il ajouté. La Maison-Blanche a souhaité deux jours auparavant, que l'Iran prenne des mesures concrètes pour convaincre ses interlocuteurs qu'il n'a pas l'intention de développer une arme nucléaire. Le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, a affirmé que son pays savait très bien ce que l'Iran doit faire pour assumer ses obligations internationales et rassurer la communauté internationale sur le fait qu'il ne cherche pas à se doter d'armes nucléaires. C'est le coeur du problème. Certains pays occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher par son programme d'enrichissement d'uranium à se doter de l'arme atomique, ce que réfute Téhéran qui assure n'avoir que des visées civiles. Le président Ahmadinejad a par ailleurs déclaré que les nouvelles sanctions pétrolières décidées par les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne pour assécher le financement de son programme nucléaire controversé n'auront aucun effet. Nos réserves en or et en devises sont sans précédent dans toute l'histoire, nous avons tellement de réserves de devises que même si pendant deux ou trois ans nous ne vendons pas un seul baril de pétrole, nous pourrons gérer le pays sans problème, a déclaré le président Ahmadinejad. Le ministre iranien du Pétrole, Rostam Ghassemi, a déclaré, avant-hier, que l'Iran n'exportait plus de pétrole vers la Grèce, après avoir annoncé en février l'arrêt des ventes de pétrole à la France et la Grande-Bretagne. Il a toutefois ajouté que l'Iran ne rencontrait aucun problème pour vendre son pétrole et ses produits pétroliers. Second pays de l'Opep, l'Iran produit quelque 3,5 millions de barils de pétrole par jour et en exporte environ 2,5 millions.