L'Iran a estimé, hier, que les discussions sur son programme nucléaire controversé, qui doivent reprendre samedi à Istanbul, pourraient aboutir à une solution à condition que les grandes puissances fassent preuve de sincérité. Nous espérons que les 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) viendront à la table des négociations avec sincérité, et nous ferons nous aussi un effort sincère pour que les deux parties parviennent à un accord gagnant-gagnant, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, au site internet du Parlement. Téhéran et les grandes puissances doivent reprendre, samedi, à Istanbul leurs discussions, dans l'impasse depuis 15 mois, pour tenter de trouver une solution négociée à la crise provoquée par le programme nucléaire iranien. Une partie de la communauté internationale, Occidentaux en tête, soupçonne l'Iran de chercher, malgré ses dénégations, à se doter de l'arme atomique sous couvert de ce programme qui a été condamné par six résolutions de l'ONU depuis 2006. Téhéran souhaite que les discussions aboutissent à un accord permettant de préserver les droits de l'Iran (à la maîtrise de l'énergie nucléaire) et d'apaiser les inquiétudes exprimées par les 5+1 sur les intentions iraniennes a ajouté M. Salehi. Le ministre a également estimé qu'aucune des deux parties ne devait poser de préalables avant les négociations, dans une allusion à un article du New York Times ce week-end affirmant que les grandes puissances allaient exiger de Téhéran l'abandon de l'enrichissement d'uranium à 20% et la fermeture de l'usine souterraine d'enrichissement de Fordo. La construction secrète de ce deuxième site d'enrichissement iranien, révélée en 2009 par les Occidentaux, a alimenté les soupçons de la communauté internationale et est à l'origine de la crise actuelle. M. Salehi a refusé de commenter les deux points avancés par le New York Times, en soulignant qu'il ne s'agissait que d'un article de presse. Mais le chef du programme nucléaire iranien Fereydoun Abbassi Davani a par avance rejeté dimanche d'éventuelles demandes en ce sens. Il n'y pas de logique dans de telles demandes. Nous ne produirons pas plus de combustible enrichi à 20% que nous n'en n'avons besoin pour notre réacteur de Téhéran et pour le second réacteur de recherche que nous avons prévu de construire, a déclaré M. Abbassi Davani dans une interview à l'agence Isna. Quant à l'usine souterraine de Fordo, elle n'a aucune différence avec celle de Natanz (centre), principal site d'enrichissement d'uranium iranien, a-t-il estimé en rappelant que les deux installations étaient sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).L'Iran a entrepris d'enrichir de l'uranium à 20% en février 2010. L'enrichissement d'uranium en quantités jugées sans mesure avec ses besoins réels est au cœur des inquiétudes internationales sur le programme nucléaire de l'Iran, qui a été sommé de geler cette activité par toutes les résolutions de l'ONU depuis 2006. Reprise des discussions à Istanbul samedi Les négociations nucléaires entre l'Iran et les puissances du groupe 5+1 reprendront samedi prochain à Istanbul, a annoncé, hier, le porte-parole de la représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Nous sommes parvenus à nous entendre pour engager des discussions à Istanbul le 14 avril, a déclaré Michael Mann. Nous espérons que cette première réunion donnera des résultats permettant de progresser, a-t-il ajouté. Les dernières discussions entre l'Iran et les puissances du groupe 5+1, tenues à Istanbul en janvier 2011, s'étaient soldées par un échec. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions pétrolières à l'Iran, soupçonné malgré ses démentis de vouloir se doter de l'arme atomique, en représailles à son manque de coopération sur les questions nucléaires. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait annoncé le 31 mars que ces discussions entre le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) et Téhéran reprendraient les 13 et 14 avril à Istanbul. Mais la Russie et l'Union européenne avaient ensuite indiqué que le lieu et la date des discussions n'avaient pas encore été fixés. Des responsables iraniens avaient expliqué que Téhéran souhaitait tenir cette rencontre en Irak et non plus en Turquie, en justifiant ce revirement par la position d'Ankara sur la crise syrienne. L'Iran investira 30 milliards de dollars dans ses hydrocarbures en 2012 L'Iran envisage d'investir environ 30 milliards de dollars dans son industrie des hydrocarbures d'ici fin 2012, a rapporté, hier, l'agence iranienne FarsNews citant le ministre du Pétrole Rostam Qassemi. Selon M.Qassemi, la grande partie de ces fonds sera destinée au projet de mise en valeur du gisement gazier de South Pars. Le ministre a également souligné qu'en 2012, l'industrie pétrolière iranienne devrait faire face à moins de problèmes grâce au soutien du président Mahmoud Ahmadinejad. En outre, les ressources octroyées par les banques et les fonds de soutien à l'énergie l'aideront à atteindre les objectifs fixés pour 2012, a poursuivi M.Qassemi. La semaine dernière, le vice-ministre iranien du Pétrole Ahmad Galbani a annoncé que Téhéran, qui produit actuellement 4,3 millions de barils de pétrole par jour, comptait accroître sa production jusqu'à 6 millions de barils par jour à l'horizon 2025. L'Iran envisage également de porter sa production de gaz de 260 à 400 milliards de mètres cubes, a indiqué M.Galbani. Préoccupés par la poursuite des activités nucléaires de Téhéran, les chefs des diplomaties de l'Union européenne ont décrété le 23 janvier dernier un embargo sur les importations de pétrole iranien vers l'UE à partir du 1er juillet. Les Etats-Unis ont pour leur part décrété des sanctions supplémentaires contre les responsables iraniens et la Banque centrale du pays.