Le ministre espagnol de l'Industrie, Jose Manuel Soria, a déclaré que le gouvernement interprétait toute mesure contre des entreprises espagnoles comme de l'hostilité envers l'Espagne, après le retrait de nouvelles concessions pétrolières argentines à Repsol-YPF. Mercredi, la province de Santa Cruz (sud de l'Argentine) a annoncé avoir retiré trois nouvelles concessions pétrolières à l'entreprise hispano-argentine, portant le total à 16, les autorités l'accusant de manquer à ses obligations d'investissements. S'il y a quelque part dans le monde des gestes d'hostilité envers les intérêts d'entreprises espagnoles, le gouvernement les interprète comme une hostilité envers l'Espagne, a déclaré M. Soria à Varsovie (Pologne). Ces propos interviennent le jour même où la présidente argentine Cristina Kirchner étudie avec les gouverneurs provinciaux la possibilité de transformer Repsol-YPF en une entreprise mixte, avec une participation publique, une réunion annoncée mercredi par Jorge Sapag, gouverneur de Neuquèn, une province argentine riche en pétrole. En conséquence, ce que dit le gouvernement espagnol, c'est que s'il y a ces gestes d'hostilité, ils entraînent des conséquences, a ajouté M. Soria, assurant que le gouvernement du premier ministre conservateur Mariano Rajoy défend les intérêts des entreprises espagnoles à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Le ministre, qui accompagne le chef du gouvernement pour une rencontre de haut niveau hispano-polonaise, a tenu ces propos sans citer expressément le gouvernement argentin. Accusée de ne pas assez investir, Repsol-YPF s'est vu retirer ces dernières semaines 16 concessions pétrolières par une demi-douzaine de provinces. Le gouvernement argentin fait pression sur les compagnies pétrolières pour qu'elles augmentent leur production nationale, la facture pétrolière du pays ayant bondi l'an dernier de 110%, pour atteindre 9,4 milliards de dollars. Santa Cruz a annoncé ce retrait de concessions peu de temps après que Repsol-YPF eut présenté aux autorités provinciales un plan d'investissement de plus de 4 milliards de dollars pour 2012-2017 comprenant 2 249 nouveaux puits et 2 664 workovers (amélioration de forages existants), a indiqué mercredi l'entreprise dans un communiqué. L'Argentine cherche l'autosuffisance pétrolière L'Argentine cherche à devenir autosuffisante en matière pétrolière, a déclaré, avant-hier, le ministre de l'Economie Hernan Lorenzino, alors que les relations avec l'Espagne se tendent sur le sort de la compagnie YPF, contrôlée par l'Espagnol Repsol. L'objectif du gouvernement est de parvenir à l'autosuffisance en matière pétrolière, a dit M. Lorenzino sur le site internet du gouvernement, sans faire de commentaire sur la crise avec l'Espagne. Nous analysons chacune des concessions pour voir si les contrats ont été respectés, a-t-il souligné. Quand cela n'a pas été le cas, nous retirons les concessions, a expliqué le ministre. YPF, contrôlé à 57% par Repsol, s'est vu retirer ces dernières semaines 16 concessions pétrolières par une demi-douzaine de provinces, qui lui ont reproché dans un document officiel une réduction de 30 à 35% de sa production de pétrole au cours des dernières années et de plus de 40% de celle de gaz. Le malaise entre l'Espagne et l'Argentine a dégénéré en crise diplomatique avec la convocation, avant-hier, de l'ambassadeur argentin Carlos Bettini et l'intervention de la Commission européenne qui a appelé l'Argentine à protéger les investissements étrangers sur son sol. La présidente argentine Cristina Kirchner a réuni la veille les gouverneurs provinciaux pour examiner la possibilité de faire de la compagnie pétrolière YPF une entreprise mixte, sur fond de rumeurs d'une prise de contrôle imminente de la filiale par l'Etat argentin. Un journal local avait même publié sur son site internet un texte, en assurant qu'il s'agissait du projet de loi d'expropriation d'YPF, sans en-tête officiel ni signature. L'existence du projet n'a pas été confirmée officiellement. Le gouvernement argentin fait pression sur les compagnies pétrolières pour qu'elles augmentent leur production nationale, la facture pétrolière du pays ayant bondi l'an dernier de 110%, pour atteindre 9,4 milliards de dollars. Repsol est leader du marché des combustibles en Argentine. Sa filiale YPF, privatisée dans les années 1990, contrôle 52% des capacités de raffinage du pays et dispose d'un réseau de 1 600 stations-service.