Face à six candidats d'une opposition dispersée et inconsistante, la présidente argentine Cristina Kirchner a gagné sa réélection à la tête de l'Argentine en obtenant près de 54% des suffrages exprimés le 23 octobre au cours d'une consultation dont l'issue ne laissait aucun doute selon différents sondages réalisés ces dernières semaines. Elle sera accompagnée dans ce second mandat par l'actuel ministre de l'Economie Amado Boudou en qualité de vice-président. Loin derrière, avec 17% de voix s'est positionné le socialiste Hermes Binner, gouverneur sortant de la province de Santa Fe, suivi du candidat radical Ricardo Alfonsin (11,1%) et des péronistes dissidents Alberto Rodriguez-Saa et l'ex-président Eduardo Duhalde. L'élection du 23 octobre avait également pour but d'élire neuf gouverneurs de province ainsi que le tiers de la chambre des députés et du sénat. Huit gouverneurs élus se réclament ou sont alliés du parti de Cristina Kirchner, le «Front pour la Victoire» qui s'identifie au péronisme populaire. Le raz-de-marée qui a mené à la victoire Cristina lui permet de contrôler le prochain congrès en obtenant la majorité absolue aussi bien dans la chambre basse qu'au sénat. 135 députés sont membres ou alliés du parti présidentiel sur un total de 257 que compte la chambre. Au sénat 38 membres sont progouvernementaux, dont l'ex-président Carlos Menem réélu dans sa province, La Rioja, alors que 34 sénateurs font partie de l'opposition. Ce véritable triomphe électoral contraste avec les difficultés vécues au cours du premier mandat de Cristina Kirchner dès décembre 2007 alors qu'elle succédait à son propre mari à la tête de l'Etat. L'opposition politique lui reprochait un financement occulte vénézuélien de sa campagne électorale en se basant notamment sur une dénonciation des Etats-Unis. En 2009 les Kirchner essuient une défaite lors des élections parlementaires partielles. Mais ces faux pas vont être dépassés par une situation économique de plus en plus favorable avec une croissance annuelle de 8%, un superavit confortable qui facilitera une politique sociale à laquelle sont sensibles les plus défavorisés de la société. Les mesures prises, telles que l'octroi d'allocations familiales, lui vaudront sans doute la reconnaissance d'un grand segment de la population. A cette réalité socio-économique il faudra ajouter la tragique disparition de l'ex-président Nestor Kirchner terrassé par une crise cardiaque le 27 octobre 2010. Cet événement provoquera une légitime compassion de la société argentine pour Cristina. Cet ensemble de facteurs vont influer en faveur de la présidente dont l'indice de popularité atteindra un taux qui sera un facteur décisif au cours des élections de dimanche dernier. Le 10 décembre prochain, à l'âge de 58 ans, Cristina Fernandez de Kirchner entamera son second mandat présidentiel de quatre ans. Avocate, revendiquant à haute voix ses origines provinciales, très attachée à la région de Santa Cruz au fin fond de la Patagonie, elle aura pratiqué au cours de longues années le congrès pour avoir été députée puis sénatrice avant d'occuper le siège de la magistrature suprême. Les ressources du pays lui permettent d'envisager avec un optimisme raisonnable l'avenir avec la présence de ses deux enfants.