Le français GDF Suez a accepté de relever nettement son offre sur les 30% du capital du britannique International Power qu'il ne détenait pas encore, réussissant ainsi à convaincre les administrateurs indépendants qui voulaient faire monter les enchères. GDF Suez a porté à 418 pence par action en numéraire son offre, valorisant l'ensemble de sa cible à 22,8 milliards de livres (27,6 milliards d'euros). Compte-tenu de sa participation actuelle, il lui faudra débourser 8,3 milliards d'euros pour monter à 100% du capital. Début avril, la proposition de l'énergéticien français de payer 390 pence par action, valorisant cette participation à plus de 7 milliards d'euros, avait été retoquée par les six membres du comité des administrateurs indépendants d'International Power, chargés de défendre les intérêts des actionnaires minoritaires. Devant le nouveau prix proposé, qui représente une réévaluation de l'offre initiale de 7%, les administrateurs indépendants ont cette fois accordé leur soutien unanime. Cette annonce portait tant le titre de GDF Suez, qui gagnait 2,39% à 18,39 euros peu après 11H00 (09H00 GMT) à la Bourse de Paris, que celui d'International Power, qui progressait logiquement de 3,15% à 416 pence à Londres, signant la plus forte hausse de l'indice FTSE-100. Ce prix de 418 pence par action est proche de ce à quoi on s'attendait et maintenant l'offre devrait aboutir sans difficulté, ont estimé, dans une note, les analystes d'Investec Securities, n'entrevoyant pas de véritable obstacle à une approbation des autorités de régulation. L'intégration à 100% d'International Power donne à GDF Suez les moyens d'un développement beaucoup plus intégré de toutes ses activités, nous permet de constituer une plateforme exceptionnelle de développement dans les zones à forte croissance, c'est-à-dire là où la demande en énergie est très soutenue (Amérique du sud, Moyen Orient, l'Asie, Australie), a confié le patron de GDF Suez Gérard Mestrallet, lors d'une conférence par téléphone. D'après lui, c'est une opération majeure pour le groupe. GDF Suez avait bouclé il y a à peine plus d'un an le rachat des premiers 70%, qui ont fait de lui le numéro deux mondial de la production d'électricité, derrière son rival français EDF. La prise de contrôle total d'International Power permet au groupe de revoir à la hausse ses objectifs d'investissement dans les pays émergents, qui représentent actuellement 30% du total de ses investissements, à une fourchette de 40-50% à moyen terme. L'opération devrait être bouclée mi-juillet 2012 et cela devrait soutenir ses résultats. Pour le second semestre, le groupe a augmenté de 200 millions d'euros sa prévision de résultat net récurrent, qui irait ainsi de 3,7 à 4,2 milliards d'euros, contre 3,5 à 4,0 milliards d'euros anticipés auparavant. Le patron de GDF Suez a précisé que l'opération préserve la structure financière de son groupe et sera financée en trois tiers: un tiers sur fonds propres, avec la possibilité de versement du dividende en actions, et un tiers par cession additionnelle d'actifs de 3 milliards d'euros (un programme de 10 mds sur 2011-2013 est en cours, réalisé aux deux-tiers l'an dernier). Le dernier tiers sera réalisé grâce à la flexibilité financière du groupe que nous avons retrouvée grâce à l'avancement très rapide de notre programme d'optimisation d'actifs, a précisé M. Mestrallet. Il a souligné que les deux principaux actionnaires de son groupe, l'Etat français et la holding GBL de l'homme d'affaires belge Albert Frère, ont donné leur accord pour prendre le dividende en titres. La transaction permet à GDF Suez d'améliorer ses objectifs financiers 2012 tout en maintenant sa notation de catégorie A qui est très importante pour nous, ainsi que sa politique de dividende attractive, a poursuivi M. Mestrallet. Si l'agence de notation Standard and Poor's avait dit qu'elle maintiendrait les notes du groupe, sa concurrente Moody's avait prévenu début avril qu'elle pourrait abaisser d'un cran la note du groupe en cas de dérapage de sa dette.