Damas et l'ONU ont signé, avant-hier, un protocole sur les conditions de déploiement d'observateurs internationaux en Syrie. Ils ne se sont toutefois pas entendus sur la taille de leur mission ni sur l'utilisation de moyens aériens. Depuis le début de la trêve, au moins 130 civils ont été tués. Pour l'heure, seule une avant-garde de six observateurs non armés est présente en Syrie. La mission devrait comprendre un total de 250 observateurs. Estimant qu'il y avait "une chance de progrès" malgré une trêve "clairement incomplète", le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a prôné l'envoi de 300 observateurs militaires répartis sur une dizaine de sites dans le pays. Réunion à Paris À l'issue d'une réunion avec 14 ministres occidentaux et arabes du groupe des "Amis de la Syrie" à Paris, Alain Juppé a indiqué que la France et ses partenaires allaient déposer un projet de résolution au Conseil de sécurité pour mettre en place une mission d'observation "aussi robuste que possible". Mais si le plan Annan échoue, ils envisageront "d'autres options", a menacé le chef de la diplomatie française. Présente à Paris, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a souhaité des "mesures plus dures" contre le régime de Bachar al-Assad pour obtenir le respect du plan Annan, avec une résolution du Conseil de sécurité prévoyant des sanctions et un embargo sur les armes. Appel à une intervention militaire Une semaine après l'instauration du cessez-le-feu, au moins sept civils ont été tués, avant-hier, par les forces syriennes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, portant à 130 le nombre de victimes depuis l'entrée en vigueur de la trêve. Accusant Damas de ne pas respecter le cessez-le-feu, le général Moustapha Ahmed Al-Cheikh, chef du Conseil militaire de l'Armée syrienne libre a estimé que le plan Annan était "voué à l'échec". Il a appelé à une intervention militaire rapide "des pays amis du peuple syrien pour mener des frappes chirurgicales sur les installations clés du régime". S'en prendre au train de vie luxueux du couple Assad L'UE prépare un quatorzième train de sanctions contre le régime syrien, en limitant les exportations de matériel répressif mais aussi de produits de luxe, pour s'en prendre symboliquement au train de vie du couple Assad, a-t-on appris, hier, de sources diplomatiques. Les sanctions sont prêtes. Il faudra voir lundi, en fonction de l'évolution sur le terrain, si les ministres européens des Affaires étrangères les adoptent ou pas, au cours d'une réunion prévue à Luxembourg, a indiqué un diplomate européen. D'une part, l'Union européenne envisage d'allonger la liste des équipements qui peuvent servir à des fins de répression de l'opposition, ou qui peuvent servir à l'élaboration de tels produits, a-t-il souligné. Faire respecter la liberté de manifester Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a estimé, hier, que la future force d'observateurs de l'ONU en Syrie devra avoir les moyens de faire respecter la liberté de manifestation, en répétant que pour Paris le cessez-le-feu n'était pas appliqué. Il faut un déploiement d'observateurs sur le terrain mais d'observateurs qui aient les moyens, qui aient des équipements, des hélicoptères, qui fassent respecter la liberté de manifestation. C'est extrêmement important. Le jour où cette liberté sera effectivement garantie, le régime ne tiendra pas, a souligné Alain Juppé sur la chaîne de télévision BFM-TV. Il faut donner toutes ses chances au plan Annan. Le cessez-le-feu n'est pas respecté mais si nous parvenons à déployer sur le terrain une force robuste d'observation, 500 personnes par exemple, alors les choses peuvent basculer dans la bonne direction, a-t-il aussi dit. Cessez-le-feu fragile La situation sur le terrain en Syrie n'est pas bonne, a estimé, hier, le porte-parole de l'envoyé spécial de l'ONU et la Ligue arabe pour la Syrie Kofi Annan, soulignant par ailleurs que le cessez-le-feu était très fragile. La situation sur le terrain n'est pas bonne. C'est un cessez-le-feu très fragile, a déclaré Ahdmad Fawzi, lors d'un point presse. Il a ainsi souligné qu'il y avait tous les jours de nouvelles victimes. Alors que la violence se poursuit, le gouvernement syrien a signé la veille un accord préliminaire sur le protocole encadrant le travail des observateurs dépêchés par l'ONU pour surveiller le fragile cessez-le-feu. Cet accord concerne les membres de l'équipe avancée et ceux de la mission complète, a précisé, hier, à Genève M. Fawzi, expliquant que de la sorte l'ONU et Damas n'auraient pas besoin de renégocier les modalités de déploiement. Nous nous préparons pour le déploiement, car nous pensons qu'il arrivera, a dit M. Fawzi. Le cessez-le-feu est fragile, mais nous n'allons pas rester les bras croisés et attendre. La présence des observateurs qui vont surveiller ce qui se passe, et signaler ce que font les deux parties va créer un nouvel élan, a-t-il déclaré. Nous voulons que ces observateurs soient déployés dans les plus brefs délais, même si le cessez-le-feu est fragile, a-t-il insisté.