Le Fonds monétaire international a tenté d'obtenir, avant-hier, à Washington un engagement des pays riches et émergents du G20 à augmenter substantiellement ses ressources financières, en dépit du refus catégorique des Etats-Unis et des hésitations d'autres pays. Les ministres des Finances du groupe se retrouvent dans la capitale américaine pour annoncer probablement un chiffre. "Parmi les résultats de ces réunions, nous attendons que notre force de frappe soit considérablement accrue", a déclaré cette semaine la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse ouvrant l'assemblée semestrielle du FMI à Washington. Les Etats-Unis, premier pays actionnaire du Fonds, cependant, ne contribueront pas. La position inflexible de Washington a contraint Mme Lagarde à revoir ses ambitions initiales à la baisse. Elle vise aujourd'hui "400 milliards de dollars voire plus", assez loin des 600 milliards évoqués en janvier. "Aujourd'hui, le risque est moindre", a-t-elle assuré, même si l'Europe "n'est pas tirée de l'ornière". Total voué à augmenter Pour les Américains, le Fonds "a la capacité de lever des finances supplémentaires d'autres pays très, très vite s'il en a besoin", a souligné mercredi le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner. Il peut actuellement engager jusqu'à 382 milliards de dollars, selon le dernier point hebdomadaire sur ses ressources. Ce total est voué à augmenter. Le FMI compte sur l'engagement pris par le Japon, à hauteur de 60 milliards de dollars, sur celui de trois pays scandinaves (Suède, Norvège et Danemark), soit un peu plus de 26 milliards, sur celui de la Pologne, de 8 milliards, et sur celui de la Suisse et d'autres pays non identifiés à hauteur de 26 milliards de dollars. Ces nouvelles contributions viennent donc s'ajouter à celles des pays de la zone euro (150 milliards d'euros en janvier), et portent à 320 milliards de dollars les sommes glanées par le FMI ces derniers mois. L'Allemagne veut un signal fort "Je suis, bien entendu, très encouragée par cette forte démonstration de soutien pour le Fonds et j'attends de nouveaux engagement de nos autres membres" à l'occasion de la venue des ministres des Finances à Washington, a commenté la directrice générale dans son communiqué. C'est aussi le souhait de l'Allemagne, qui a appelé de ses voeux un signal fort, estimant que les Européens avaient rempli leur part du contrat en se dotant d'un "pare-feu" de 800 milliards d'euros pour faire face à la crise. "Nous espérons fortement que nous pourrons présenter un chiffre à Washington", a dit mardi une source gouvernementale allemande, appelant les "partenaires internationaux à fournir un effort comparable" à celui des Européens. La Chine et d'autres pays émergents comme le Brésil n'ont pas fait connaître leur intention, même si Pékin a réaffirmé à maintes reprises sa volonté de soutenir les efforts des Européens. "La Chine sera au rendez-vous, nous en avons la certitude. Mais va-t-elle donner un chiffre cette semaine, ou au Mexique", en juin, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat du G20? "Il y a une incertitude", a-t-on jugé de source européenne. Discussions entre délégations Mme Lagarde se montre patiente. "Nous sommes déterminés à faire ce qui est en notre pouvoir et je suis disposée à laisser la question ouverte pendant quelques semaines, certains pays ayant besoin de plus de temps pour obtenir l'approbation" de leurs parlements, a-t-elle ainsi assuré. Le sujet était discuté toute la journée de jeudi entre délégations du G20. Dans l'après-midi, les ministres des Finances et banquiers centraux du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) ont eu une réunion informelle. Les ministres du G20, groupe que préside actuellement le Mexique, se sont retrouvé pour un dîner, jeudi soir, puis pour leur réunion formelle le lendemain matin. Lagarde attend que les moyens du FMI soient "considé rablement" accrus La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a affirmé cette semaine attendre de ses Etats membres que les moyens financiers de l'institution soient "considérablement" accrus. "Parmi les résultats de ces réunions, nous attendons que notre force de frappe soit considérablement accrue", a déclaré Mme Lagarde lors d'une conférence de presse ouvrant l'assemblée semestrielle du FMI à Washington. "Je sais que c'est en quelque sort le sujet du jour", a-t-elle relevé. Mme Lagarde cherche à récolter "400 milliards de dollars, voire plus" auprès de ses Etats membres pour augmenter des ressources prêtables se montant actuellement à 382 milliards de dollars. Ces derniers mois et ces derniers jours, elle a reçu des engagements de la zone euro, du Japon, de trois pays scandinaves (Suède, Norvège et Danemark), de la Pologne, de la Suisse et de "plusieurs autres pays" non identifiés, pour un total de 320 milliards de dollars. Mme Lagarde a estimé que ces sommes seraient utiles face aux problèmes de l'économie mondiale, "le chômage élevé, durable dans beaucoup de coins du monde", une croissance "lente", le mouvement de désendettement des banques, "le renouveau de tensions financières majeures dans la zone euro", et "de potentielles hausses des prix du pétrole". "Le FMI doit participer à cet effort aussi en accumulant une force de frappe supplémentaire pour contribuer à ce pare-feu mondial que nous réclamons vigoureusement depuis quelques mois", a souligné la dirigeante du FMI.