Les Etats membres du Fonds monétaire international ont appelé cette semaine la zone euro à des "réformes structurelles ambitieuses" pour améliorer ses perspectives de croissance. "Dans la zone euro, une poursuite des progrès vers la viabilité de la dette, la stabilité financière et des réformes structurelles ambitieuses sera cruciale pour améliorer la confiance et la productivité, faciliter le rééquilibrage au sein de l'union monétaire et promouvoir une croissance forte et équilibrée", a affirmé dans un communiqué le Comité monétaire et financier international, instance qui décide des orientations politiques du FMI. L'Europe est restée le principal sujet de préoccupation des ministres des Finances venus assister à l'assemblée semestrielle du FMI. Vendredi, le G20 a annoncé que la zone euro et une vingtaine d'Etats membres allaient contribuer à hauteur de "plus de 430 milliards de dollars" aux finances du Fonds. "L'économie mondiale se reprend progressivement" mais "il en reste plus à faire", ont constaté les Etats membres. "Les perspectives restent tournées vers une croissance modérée, et les risques restent élevés. Nous continuerons à agir collectivement pour restaurer la confiance, raviver la croissance, et créer des emplois", ont-ils souligné. Plus de 430 milliards de dollars rassemblés grâce au G20 Le Fonds monétaire international a atteint, vendredi, son objectif d'une augmentation de ses ressources d'au moins 400 milliards de dollars, le G20 ayant annoncé que les "engagements fermes" dépassaient même les 430 milliards. Les ministres des Finances de ce groupe de pays riches et émergents ont indiqué dans un communiqué que le total des contributions était monté à "plus de 430 milliards de dollars". La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, qui visait "400 milliards voire plus", s'est montrée très satisfaite. "Nous sommes là pour anticiper [...] Nous devons être disponibles pour quiconque a des soucis", et "ces derniers jours il y a eu une dynamique, il y a eu une volonté" de renforcer le FMI, a-t-elle dit lors d'un débat organisé au siège du Fonds. "C'est une très bonne réponse collective", s'est félicité de son côté le ministre français des Finances, François Baroin. Sur le total, plus de la moitié vient de l'Europe, avec 150 milliards d'euros de la zone euro, des contributions d'autres pays de l'Union européenne (Danemark, Norvège, Pologne, République tchèque, Suède) entre 2 et 15 milliards de dollars chacun, et de la Suisse (10 milliards de dollars). Les BRIC n'ont pas encore dit combien En dehors du continent, les plus grands contributeurs sont le Japon (60 milliards de dollars) et l'Arabie saoudite et la Corée du Sud (15 milliards de dollars chacune). L'Australie et Singapour sont également présents. Tout n'a pas été bouclé: d'autres pays, dont les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et trois pays d'Asie du Sud-est (Indonésie, Malaisie et Thaïlande), participeront mais doivent encore dire à quelle hauteur. Ils doivent retourner à la maison, communiquer de manière appropriée chez eux", a expliqué Mme Lagarde. "Nous attendons que davantage de pays sortent un chiffre sur leurs engagements dans les jours à venir", a déclaré lors d'une conférence de presse la ministre des Finances danoise, Margrethe Vestager, qui représentait l'UE au G20. "Cela permet au FMI d'être suffisamment préparé à tous les défis dans le monde. L'Europe a fait son travail et menait la marche pour ce qui était de promettre des ressources supplémentaires pour le FMI. Je suis encore plus heureux que nos partenaires prennent aussi leurs responsabilités pour l'économie mondiale", s'est félicité dans un communiqué le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. Les USA participent de manière différente Il y a trois absences notables: les Etats-Unis, premier actionnaire du FMI, le Canada, autre membre du G7 à ne pas se joindre à l'effort, et le Mexique, qui préside le G20. Mais Mexico bénéficie d'un prêt de précaution du FMI. "Les Etats-Unis participent d'une manière différente", a affirmé Mme Lagarde, interrogée sur le refus de Washington d'apporter un seul dollar. "Ils ne peuvent pas pour le moment pour des raisons qui leur appartiennent", selon elle. Le G20 a précisé que les sommes promises au FMI n'était pas "réservées à une région particulière". Mais la zone euro et en particulier l'Espagne, dont les coûts d'emprunt n'ont cessé de grimper ces derniers mois, étaient dans toutes les têtes. Dans l'esprit des marchés il y a la possibilité d'un sérieux revers dans des pays comme l'Espagne", a relevé le gouverneur de la banque centrale mexicaine Agustin Carstens. "Nous voyons l'Espagne de nouveau sous pression", a concédé Mme Lagarde, tout en saluant l'action du gouvernement de Madrid. Le FMI peut actuellement engager jusqu'à 382 milliards de dollars pour ses Etats membres, selon le dernier point hebdomadaire sur ses finances. L'Espagne a jusqu'ici constamment rejeté la possibilité de piocher dans ces ressources.