La banque centrale américaine (Fed) a indiqué qu'elle entrevoyait un redressement à venir de la croissance économique aux Etats-Unis mais qu'elle comptait apporter encore longtemps un soutien important à la reprise de l'activité dans le pays. Alors que l'économie américaine donne des signes de ralentissement, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a estimé après deux jours de réunion à Washington que celui-ci ne devrait être que passager. Pour le FOMC, l'économie croît de façon "modérée" et devrait continuer sur cette voie pendant quelques trimestres encore avant de "se redresser progressivement". Le FOMC a revu en hausse sa prévision de croissance pour l'économie américaine en 2012 mais a abaissé ses perspectives pour les deux années suivantes. Selon lui, la croissance du PIB américain, qui a atteint 1,7% en 2011, devrait être comprise entre 2,4 et 2,9% en glissement annuel au dernier trimestre de l'année et entre 2,7 et 3,1% un an plus tard. Le chômage (officiellement à 8,2%) pourrait tomber jusqu'à 7,8% dans le meilleur des cas à la fin de l'année, indique le FOMC, mais globalement, la décrue du chômage ne devrait se faire que lentement les années suivantes. Le Comité note que "l'inflation s'est quelque peu redressée" mais y voit toujours un effet passager lié à la montée des cours du brut: à moyen terme, elle devrait converger vers son objectif de hausse des prix de 2,0% sur un an. La Fed a pour mission de favoriser le plein emploi et la stabilité des prix et le FOMC a annoncé qu'elle maintenait son taux directeur quasi nul, en vigueur depuis décembre 2008, et qu'elle comptait poursuivre comme prévu jusqu'en juin son opération lancée en octobre pour faire baisser encore un peu plus les taux d'intérêt à long terme. Le FOMC prévoit le maintien d'une politique monétaire "hautement accommodante" pendant un certain temps et un taux directeur "exceptionnellement bas, jusque fin 2014 au moins" si la conjoncture le justifie. Plusieurs économistes estiment que les annonces de la Fed traduisent une réticence du Comité à assouplir davantage sa politique monétaire alors que cette hypothèse apparaissait il y a peu encore comme hautement probable. La Fed note bien les écueils qui menacent la reprise, comme la faiblesse du marché du logement, l'évolution de la situation en Europe et les incertitudes entourant celle de la politique budgétaire américaine, mais, indique Michael Gapen, de Barclays Capital, son communiqué "ne ressemble pas à celui d'une Fed qui se prépare à assouplir sa politique monétaire". Le président de la banque centrale, Ben Bernanke, a pourtant assuré à l'issue de la réunion que ses collègues et lui restaient "totalement prêts à prendre des mesures supplémentaires, si nécessaire pour atteindre leurs objectifs". M. Bernanke a cependant ajouté que le maintien d'une politique monétaire ultra-accommodante était lié à "l'évolution des perspectives" économiques pour le pays et qu'en cas d'amélioration notable, la Fed devrait envisager de resserrer sa politique monétaire. Finalement, résume Inna Mufteeva, de la banque Natixis, il "confirme que le FOMC est en mode " attendons de voir "", ce qui implique de laisser ouverte la possibilité d'en faire plus, "tout en attendant la confirmation de la viabilité de l'amélioration récente de l'activité".