L'Etat doit revoir à la hausse le prix du gasoil, dont le niveau "extrêmement bas" stimule la surconsommation de ce carburant réputé très polluant, a indiqué, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, au siège de son ministère à l'occasion d'une journée d'étude sur la consommation du gasoil. "Nous allons doucement sur une longue période, essayer de changer les prix relatifs du gasoil par rapport aux autres carburants" afin d'inciter les consommateurs à utiliser des énergies propres comme le GPL, a-t-il dit. Actuellement, le prix du gasoil à la pompe (13,70 DA/litre) équivaut à peu près à la moitié du prix des essences, et ne représente que le tiers environ des prix internationaux de ce carburant (environ 35 DA/l). Selon le ministre, les prix de ce fioul doivent couvrir l'ensemble des coûts induits, qu'ils soient directs et ou indirects, afin d'assurer aux producteurs l'autofinancement d'éventuels nouveaux projets destinés à augmenter l'offre de ce carburant face à une demande grandissante. D'après des statistiques officielles, la demande nationale de gasoil s'est accélérée ces dernières années de 10% par an en moyenne, passant de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes en 2006. Pour inciter les automobilistes à aller vers des carburants alternatifs, le ministre a suggéré l'augmentation des taxes pour y inclure les coûts indirects dus à la consommation de gasoil et qui ne sont pas supportés par les consommateurs. Les coûts indirects englobent notamment les coûts de l'utilisation de l'infrastructure routière et les impacts sur la santé publique dont le coût est supporté par le budget de l'Etat, a-t-il souligné. Ces coûts indirects "devraient être inclus dans les prix des carburants sous formes de taxes" dont les revenus iront couvrir les dépenses d'infrastructures routières et de protection de la santé des citoyens, a expliqué le ministre. "L'évolution de la demande n'a pas résulté de la croissance de l'activité économique et des revenus mais des prix bas de ce carburant accentué par l'élargissement du parc de voitures diesel", a ajouté M. Khelil. A partir de 2007, l'Algérie devrait enregistrer un déficit de 100.000 tonnes de gasoil par an à combler par l'importation pour un coût de 52 millions de dollars, selon le ministre. Pour M. Khelil, "il n'est pas rationnel de subventionner l'importation" d'autant que l'augmentation attendue de la consommation de gasoil pour 2007 se traduirait par une baisse des recettes d'exportation de près de 20 milliards de dinars (environ 265 millions de dollars). Pour l'augmentation de l'offre, M. Khelil a jugé que la politique poursuivie jusque-là par les pouvoirs publics et qui a permis la satisfaction, dans une large mesure, de la demande grâce à la seule augmentation des capacités de production, "ne peut constituer une solution à long terme". "Une telle politique vient d'atteindre ses limites car l'outil de raffinage n'arrive plus à satisfaire la demande" malgré la mise en production de la raffinerie d'Adrar, a-t-il constaté. Il préconise, quant à lui, une diversification de l'offre de carburants et l'augmentation graduelle des prix, en plus de l'augmentation des capacités de raffinage.