Stratégie n Simultanément avec la révélation par les services des douanes des chiffres inhérents à la contrebande de gasoil, le ministre de l'Energie a annoncé une hausse progressive des prix de ce carburant. La quantité globale de gasoil saisie aux frontières par les services des douanes a presque doublé en une seule année, passant de 106 000 litres interceptés en 2005 à environ 190 000 litres l'an passé. Le chiffre a été révélé, hier, par la chargée du dossier de la lutte contre la contrebande et la contrefaçon au niveau des douanes, au cours d'une journée d'étude sur la consommation du gasoil en Algérie organisée par le ministère de l'Energie et des Mines. Selon la responsable, même si les régions de Tamanrasset (extrême Sud) et de Tébessa (Est) ne sont pas épargnées par l'évolution vertigineuse du phénomène, la région de Tlemcen reste de loin la plus touchée. A titre d'illustration, les premières statistiques de l'année en cours indiquent que sur quelque 39 000 litres de ce carburant, saisis sur tout le territoire national de janvier à mai, 33 000 l'ont été dans les zones frontalières avec le royaume du Maroc. Parmi les causes de cette contrebande à grande échelle, le «quasi-gel des prix du gasoil en Algérie», au moment où les cours des hydrocarbures flambent sur le marché international, induisant des différentiels de prix importants entre l'Algérie et ses voisins immédiats. Cédé dans les pompes à essence algériennes pour 13,70 DA, le titre de gasoil est trois fois plus cher au Maroc (l'équivalent de 35 DA). Le carburant issu de la contrebande est vendu dans le royaume pour environ 28 DA, soit plus du double de son prix en Algérie. Pour les saisies d'essence à toutes les frontières, il est utile de rappeler qu'elles ont été de 6 000 litres en 2005, à 54 000 litres en 2006 et 11 000 litres durant la période janvier-mai 2007. Des quantités nettement inférieures à celles de gasoils saisies, ce qui conforte d'une manière irréfutable la thèse de l'incidence des prix bas pratiqués en Algérie sur l'évolution du phénomène. Et ce n'est certainement pas un hasard si le ministre de l'Energie et des Mines a simultanément fait part de l'intention des autorités de revoir à la hausse les prix du gasoil. Au cours de la même journée d'étude, Chakib Khelil a, en effet, déclaré que l'Etat algérien va «doucement sur une longue période, essayer de changer les prix relatifs du gasoil par rapport aux autres carburants». La hausse des prix du gasoil répond également à un souci de protection de l'environnement puisque cela permettra «d'inciter les consommateurs à utiliser des énergies propres comme le GPL» et de réduire la consommation de ce carburant réputé polluant. Même si le premier responsable du secteur n'a, à aucun moment, évoqué dans son argumentaire le souci de réduire la contrebande de gasoil, il n'en demeure pas moins qu'une telle mesure découragera les contrebandiers puisqu'elle est censée réduire sensiblement leur marge bénéficiaire.