Les cours du pétrole ont poursuivi leur recul, avant-hier, à New York, atteignant un nouveau plus bas depuis novembre, dans un marché frileux, fuyant les actifs jugés moins sûrs comme l'or noir dans un contexte macroéconomique mondial préoccupant. Le baril de WTI pour livraison en juin a abandonné 25 cents par rapport à la veille, et terminé à 92,56 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à un nouveau plus bas depuis le 1er novembre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'est le premier jour de cotation en tant que contrat de référence, a terminé à 107,49 dollars, en baisse de 2,26 dollars par rapport à la clôture de la veille pour ce contrat, et chutant à son plus bas niveau depuis le 30 décembre. Des indicateurs économiques plus mitigés que prévu aux Etats-Unis et des inquiétudes toujours très fortes au sujet de la crise de la dette en Europe et de la situation politique grecque, ont fait changer le marché de direction en cours d'échanges après une ouverture en hausse. "La grande préoccupation du marché actuellement, c'est l'économie. Et la plus grande partie de la communauté des investisseurs semble être en train de se tourner vers des actifs refuges et de se détacher des actifs plus risqués, y compris l'or noir", a déclaré David Bouckhout, de TD Securities. Or, "cette séance était une séance de baisse plombée par le contexte macroéconomique, et le marché a eu des difficultés à contenir des peurs croissantes au sujet de l'Europe", a ajouté le courtier. Alors que le chaos politique persistait en Grèce, les chiffres stables des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis, meilleurs que prévu, n'ont pas suffi à éclipser le fait que, pour la première fois en sept mois, l'indice composite des indicateurs économiques américains a baissé en avril, de 0,1% par rapport à mars, où il avait augmenté de 0,3%. En outre, l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (Nord-est des Etats-Unis) s'est contractée en mai, selon le dernier relevé de la Réserve fédérale. Les cours du WTI avaient initialement ouvert en hausse, soutenus notamment par un regain des tensions avec l'Iran, qui a répété, avant-hier, qu'il ne renoncerait pas à ses droits en matière de nucléaire, et par un marché plus optimiste en matinée. En outre, le brut new-yorkais avait également bénéficié en début de séance de l'annonce de l'inversion du sens "dans lequel circule le pétrole dans l'oléoduc Seaway", soit désormais du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud des Etats-Unis), vers les structures du golfe du Mexique, comme l'a noté Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Le brut mitigé en Asie sur des prises de bénéfice Les prix du pétrole étaient mitigés, avant-hier, en Asie sur fond de prises de bénéfice après les pertes significatives des dernières séances. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin s'appréciait de 26 cents, à 93,07 dollars, dans les échanges matinaux. Le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance cédait 30 cents à 109,45 dollars. "Les cours du pétrole résistent relativement bien après les pertes récentes dues à la Grèce", a observé Victor Shum chez Purvin and Gertz à Singapour. "Le WTI rebondit d'abord à cause du sentiment du marché que le déclin des cours du pétrole a été trop rapide et il y a des prises de bénéfice". Les Grecs vont devoir retourner aux urnes le 17 juin après l'échec d'une réunion de la dernière chance, mardi, des responsables politiques, ravivant les inquiétudes sur une éventuelle sortie d'Athènes de la zone euro. Après dix jours de tractations politiques infructueuses pour former un gouvernement de coalition, un exécutif "de service" dirigé par le président du conseil d'Etat, Panayotis Pikramenos, a été nommé, chargé d'expédier les affaires courantes et de préparer ce deuxième scrutin législatif en moins de deux mois. La chancelière allemande Angela Merkel et le nouveau président français François Hollande ont affirmé leur volonté commune que le pays "reste dans la zone euro". Au-delà de la situation grecque, les marchés craignent de voir d'autres pays touchés à leur tour par la crise, notamment l'Espagne et l'Italie, deux poids lourds de la zone euro dont les secteurs bancaires sont sources d'inquiétudes. Les prix du brut étaient également comprimés par les derniers chiffres des stocks aux Etats-Unis, premier consommateur mondial. Ceux-ci se sont étoffés de 2,1 millions de barils lors de la semaine achevée le 11 mai, soit bien plus qu'anticipé par les analystes (1,4 million de barils). En outre, le billet vert continuait à se négocier à des plus hauts en quatre mois face à l'euro, ce qui rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.