En déplacement surprise en Afghanistan, le président François Hollande a assuré, hier matin, que la France retirerait ses troupes combattantes d'ici la fin de l'année de façon "ordonnée et coordonnée". Lors de sa visite de la base de Nijrab, dans la province de la Kapisa, le chef de l'Etat a rendu hommage aux 83 militaires français morts en Afghanistan depuis le début de l'intervention en 2001. S'adressant aux membres de la Task force Lafayette, il a garanti que le départ des troupes françaises se ferait dans le respect des conditions de sécurité pour les soldats. "Notre retrait sera ordonné et coordonné" avec l'OTAN, a affirmé le chef de l'Etat. Il sera mis en œuvre "en bonne intelligence" avec les alliés, notamment américains, de la France, a-t-il promis. "Plusieurs raisons justifient cette décision de retirer nos troupes combattantes d'Afghanistan", a expliqué François Hollande. "Le temps de la souveraineté afghane est venu", a-t-il estimé. "La menace terroriste qui visait notre territoire sans avoir totalement disparu a été en partie jugulée". "Vous avez exécuté votre mission", a-t-il considéré, disant "toute sa gratitude" et sa "confiance" aux militaires français. "Il faut expliquer aussi aux troupes que leur mission est bientôt achevée et qu'en bon ordre, avec une grande fierté, nous allons nous retirer, passer aux Afghans eux-mêmes la gestion de leur territoire et la défense de leur souveraineté." Accompagné pour ce voyage de ses ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Jean-Yves le Drian (Défense), François Hollande s'est ensuite rendu à Kaboul pour s'entretenir avec le président afghan Hamid Karzaï, qu'il avait déjà rencontré au sommet de l'OTAN à Chicago. La "transition est en cours", a souligné François Hollande pendant une conférence de presse conjointe avec son homologue afghan, précisant que 2 000 soldats français seraient rapatriés d'ici fin 2012, de sorte qu'il n'y aura plus de "troupes combattantes" à cette échéance. "D'ici la fin de l'année, l'armée afghane va prendre possession" des zones où les troupes françaises sont actuellement déployées, notamment dans la province de Kapisa, a-t-il confirmé."Les échanges qui se font chaque jour plus intenses entre nos armées vont permettre d'organiser cette transition", a-t-il assuré. Pendant "quelques mois", en 2013, des personnels de l'armée française resteront sur place pour s'occuper du rapatriement du matériel, a-t-il ajouté. Lors de leur déjeuner de travail, les deux chefs d'Etat ont évoqué les "détails" de la coopération, qui sera toujours militaire -des formateurs de l'armée française restant sur place- mais aussi économique, et culturelle, a relaté le président français. De son côté, Hamid Karzaï a remercié la France, pays "ami", pour son "aide" à la fois militaire et civile. Selon un communiqué de l'Elysée, François Hollande devait aussi rencontrer des membres d'ONG et de la société civile afghane, ainsi que des expatriés français. Le socialiste s'était engagé, pendant sa campagne électorale, à retirer les troupes combattantes françaises d'Afghanistan avant la fin de l'année, et non fin 2013 comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy l'avait prévu. Une décision qu'il a défendue il y a quelques jours lors du sommet de l'OTAN à Chicago. Avec environ 3.280 militaires à la mi-mai, la France est le cinquième pays contributeur de troupes au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) déployée par l'OTAN en Afghanistan, derrière les Etats-Unis (90 000), la Grande-Bretagne (9 500), l'Allemagne (4 700) et l'Italie (3 985). La France a amorcé son retrait d'Afghanistan en octobre 2011, passant le relais aux autorités afghanes dans le district de Surobi. En avril, elle a commencé à leur transmettre le flambeau pour la Kapisa. Une présence de la France plus civile en Afghanistan Le président français François Hollande a souhaité, hier, à Kaboul que la France reste présente en Afghanistan après le retrait de ses troupes du pays, mais différemment, dans une dimension plus civile ou économique. Le chef de l'Etat, grâce aux investissements français à venir, a indiqué qu'il voulait permettre aux Afghans d'être auto-suffisants. Il s'exprimait lors d'une conférence de presse au côté du président afghan Hamid Karzaï, au cours d'une visite surprise de quelques heures en Afghanistan. M. Hollande avait auparavant rendu visite aux soldats français dans une de leurs bases. La France souhaite donner une dimension civile à sa coopération, via l'éducation, la culture ou encore l'archéologie, un domaine dans lequel la France est en pointe en Afghanistan depuis de nombreuses d'années, a expliqué le président français. Il a également mentionné des perspectives au niveau économique, comme dans le logement, les énergies renouvelables, les recherches pétrolières ou l'agriculture, ceci pour que l'Afghanistan s'en sorte par lui-même. " Nous voulons que la France reste en Afghanistan différemment que dans le passé, a affirmé François Hollande. La mission de lutte contre le terrorisme est sur le point d'être accomplie, c'est une grande fierté", a-t-il lancé.