Al Djazira Sport a affiché cette semaine son ambition de devenir un acteur de poids et de long terme dans le paysage médiatique lors de la présentation de ses deux nouvelles chaînes françaises. Le groupe de télévision espère transformer l'essai dans l'Hexagone pour ensuite s'implanter dans d'autres pays et faire de beIN Sport une marque mondiale dans la perspective de la Coupe du monde 2022 de football au Qatar, son pays d'origine. "Il y a de nombreuses opportunités dans le monde pour des chaînes de sport", a déclaré à Reuters son président Nasser al-Khelaifi. "Nous sommes passionnés et nous voulons construire la marque BeIN sport à l'échelle mondiale." Sous la houlette de l'ancien patron des sports de Canal+, Charles Biétry, le groupe a mis les bouchées doubles pour pouvoir lancer la première de ses chaînes françaises juste à temps pour le coup d'envoi de l'Euro de football dont il sera le principal diffuseur dans l'Hexagone. BeIN Sport 1, fera donc ses débuts le 1er juin à 19h00 précisément, tandis que sa petite soeur beIN Sport 2 commencera à émettre à partir de fin juillet-début août. Proposées au prix de 11 euros, elles seront accessibles dès leur lancement pour 14 millions de foyers, par l'intermédiaire de l'ensemble des fournisseurs d'accès à internet ainsi que de Numericable. En revanche, aucun terrain d'entente n'a été trouvé pour l'instant avec le bouquet satellite Canalsat, filiale du numéro un de la télévision payante en France Canal+. "Nous sommes en discussions avec eux, mais, pour être honnête c'est compliqué", a indiqué Nasser al-Khelaifi, en précisant que les négociations avaient pris du retard. Al Djazira Sport a dépensé quelque 400 millions d'euros pour se doter d'une offre de sports bien garnie réunissant 80% du championnat de Ligue 1, 133 matches de Ligue des champions, ainsi que l'intégralité de l'Europa League et des Euro 2012 et 2016. "Sur le football, on n'est pas mal", a résumé Charles Biétry, en précisant que 16 disciplines sportives au total seraient diffusées en direct sur les chaînes. Mais Al Djazira Sport ne compte pas s'arrêter là. Ambitions internationales Après avoir décroché tout récemment les droits du tennis, du handball et du basket pour les Jeux olympiques de Londres, le groupe de télévision n'a pas caché s'intéresser à la Formule Un et à la Premier League anglaise. "C'est trop tôt, les droits ne sont pas encore sur le marché. Nous y réfléchirons", a déclaré Nasser al-Khelaifi à propos des droits de retransmission en France du championnat. Les ambitions du groupe de télévision ne s'arrêtent pas non plus aux frontières de l'Hexagone. Al Djazira Sport va ainsi lancer en août aux Etats-Unis deux chaînes payantes de sport, également sous la marque beIN Sport, en anglais et en espagnol. Il pourrait dupliquer ce modèle dans d'autres pays en se montrant opportuniste, a ajouté Nasser al-Khelaifi. "Cela dépend s'il y a de la place sur le marché. Nous allons étudier les opportunités sur chaque marché les une après les autres. S'il y en a, nous irons", a-t-il dit. Les spéculations vont bon train sur une possible candidature d'Al Djazira Sport pour les droits de retransmission en Grande-Bretagne du championnat de football anglais, qui ont été remis en jeu début mai. Interrogé à ce sujet, Nasser al-Khelaifi a précisé que la décision n'avait pas encore été prise. "Nous avons reçu l'appel à candidature comme d'autres et nous allons l'étudier". Populaire, le championnat anglais est aussi le plus cher en termes de droits : 1,78 milliard de livres (1,6 milliard d'euros) dans le cadre du contrat actuel. "La Premier League est le championnat le plus regardé de la planète", a déclaré à Reuters le Britannique Darren Tulett qui fait partie des "prises de guerre" de BeIN Sport dans les rédactions des autres médias et notamment Canal+. Il a toutefois souligné que la concurrence s'annonçait autrement plus rude face au mastodonte Sky. Al Djazira Sport devra dans tous les cas faire ses preuves sur le marché français avec un objectif ambitieux de devenir rentable d'ici quatre ou cinq ans, en dépit de coûts élevés. "Nous voulons devenir une société rentable très vite. Nous sommes ici pour longtemps", a dit son président lors de la conférence de presse de présentation.