Selon un nouveau rapport de l'OCDE, les migrations permanentes vers les pays développés ont augmenté au rythme annuel de 10 % environ en 2005 Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon : avoue qu'il faut faire des migrations un facteur de développement. Durant la première étape, avec la libération des flux de capitaux et de biens, les bienfaits de la mondialisation allaient essentiellement au monde développé et à ses principaux partenaires commerciaux, entre autres le Brésil, la Chine et l'Inde. Alors que nous entrons dans le nouvel âge de la mobilité, ce sont les personnes qui seront appelées à franchir les frontières en nombre toujours plus grand. À la recherche d'un emploi et d'une vie meilleure, ces personnes pourront réduire les fortes inégalités qui caractérisent notre époque et accélérer le progrès dans l'ensemble du monde en développement. Pour ne citer qu'un exemple : les migrants ont rapatrié 264 milliards de dollars en 2006 ; le triple du montant de l'aide internationale totale. Dans certains pays, un tiers des familles dépendent de ces envois pour ne pas sombrer dans la pauvreté. Dans le monde en développement, ces envois de fonds financent les soins de santé, l'éducation et la création d'entreprises locales. La libre circulation des personnes favorise l'économie mondiale. Ainsi, lorsqu'un hôpital londonien a besoin de personnel infirmier, il le recrute au Ghana ou en Sierra Leone. Lorsque Google a besoin de programmeurs, il les trouve souvent dans des pays en développement. Jusqu'à maintenant, ces mouvements de population ont profité principalement aux pays riches et ont fait craindre un exode des cerveaux dans les pays pauvres. Mais nous savons de mieux en mieux ce qu'il faudrait faire pour que les migrations profitent à tout le monde. Malgré cela, au lieu de voir les avantages que les migrations peuvent offrir sur le plan du développement, les gouvernements ont été lents à s'adapter. Il en est résulté une immigration illégale en expansion rapide, des tensions sociales, des pratiques discriminatoires, une perte de confiance dans les gouvernements et le renforcement des réseaux criminels. Les périodes antérieures ont connu des vagues d'immigration de même ampleur. Au début du XXe siècle, environ 3 % de la population mondiale prenaient part à des migrations. Cent ans plus tard, l'ONU estime qu'il y a 191 millions de migrants internationaux dans le monde, soit un pourcentage similaire. Ce nombre ne cesse de croître. Selon un nouveau rapport de l'OCDE, les migrations permanentes vers les pays développés ont augmenté au rythme annuel de 10 % environ en 2005. Aujourd'hui, les migrants se déplacent rapidement et facilement grâce au faible coût des transports. L'Internet, les communications téléphoniques à bon marché et la télévision par satellite permettent aux migrants de rester en contact permanent avec leur pays d'origine. Les banques virent instantanément, par Internet, à leur famille, les fonds durement gagnés par les migrants . La mondialisation, entre-temps, a bouleversé nos marchés du travail, tandis que les inégalités économiques ont pour effet d'accroître l'émigration. Tous ces mouvements font que notre époque est l'âge de la mobilité. Or, presque toutes ces évolutions peuvent être mises au service d'une réduction de la pauvreté et des inégalités. Le rapatriement des salaires en est un bon exemple. Il y a quelques années, les migrants devaient payer des sommes exorbitantes pour envoyer des fonds chez eux, perdant jusqu'à 20 % en frais de transaction. Mais les gouvernements, la société civile et le secteur privé ont conjugué leurs efforts pour réduire ces coûts. Ainsi, le gouvernement britannique a encouragé la concurrence en créant un site Web (www.sendmoneyhome.org) permettant aux usagers de comparer les frais de transaction. Les banques ont émis des cartes prépayées et des cartes de débit réservées aux migrants et à leurs familles. Les compagnies de téléphonie introduisent des technologies qui permettent de transférer de l'argent par téléphone. Ces innovations soulignent comment les migrations peuvent contribuer au développement. En septembre 2006, pour la première fois de son histoire, l'Organisation des Nations unies a tenu un sommet consacré aux migrations. Nombreux sont ceux qui prédisaient que pays développés et pays en développement s'opposeraient - ces derniers dénonceraient l'exode des cerveaux et la violation des droits des migrants, les premiers quitteraient tout simplement la salle. Au lieu de cela, plus d'une centaine de pays ont pris part à un échange constructif. Cette expérience a été si fructueuse qu'ils ont souscrit à une proposition visant à créer un Forum mondial sur les migrations et le développement. Ce forum se réunit pour la première fois, aujourd'hui à Bruxelles, avec la participation d'environ 800 délégués originaires de plus de 140 pays. Les migrations peuvent constituer une force considérable au service du bien. En s'appuyant sur les faits et en engageant une conversation rationnelle et tournée vers l'avenir sur les moyens de mieux gérer les intérêts communs, il est possible de favoriser l'avènement de la troisième étape de la mondialisation, cet âge attendu depuis si longtemps où ceux qui auront part à la prospérité mondiale seront plus nombreux que jamais.