Les Frères musulmans ont revendiqué tôt, hier, la victoire de leur candidat, Mohammed Morsi, à l'issue du second tour de l'élection présidentielle en Egypte face au dernier Premier ministre de l'ex-président Hosni Moubarak, Ahmed Shafiq. Les résultats officiels ne sont pas attendus avant jeudi et les Frères musulmans ont effectué leur propre décompte, à partir des chiffres en provenance de plus de 10 000 bureaux de vote dans tout le pays. Mohammed Morsi obtient selon la confrérie 51,8% des suffrages, contre 48,1% à Ahmed Shafiq. Son équipe de campagne a aussitôt dénoncé des résultats qui "trompent la population" et affirmé que M. Shafiq était au contraire en tête. Les estimations fournies par les Frères musulmans lors du premier tour de la présidentielle s'étaient cependant révélées globalement fiables. Morsi promet d'être le "président de tous les Egyptiens" Mohammed Morsi a promis, hier matin, d"'être le président de tous les Egyptiens et de ne régler ses comptes avec personne", selon des médias. Il a promis en outre la "stabilité, amour et fraternité pour un Etat égyptien civil, national, démocratique, constitutionnel et moderne", sans parler de loi islamique. "Ceux qui m'ont dit "oui" et ceux qui m'ont dit "non" sont tous des enfants d'Egypte, et donc mes proches. Nous sommes tous frères de cette nation, elle nous appartient à tous et nous sommes égaux en droits et devoirs", a déclaré M. Morsi peu après l'annonce de ces résultats non définitifs. "Grâce à Dieu, qui nous a menés avec succès à cette révolution bénie. Grâce à Dieu, qui a guidé le peuple d'Egypte sur le chemin de la liberté et de la démocratie", a-t-il ajouté. Le Mouvement du 6 avril, un des groupes à l'origine du soulèvement populaire qui a entraîné la chute du président Hosni Moubarak en février 2011, a félicité les Frères musulmans. "La prochaine étape est la plus difficile. "Nous devons tous nous unir contre le régime d'oppression du Conseil militaire", a-t-il résumé. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui gouverne le pays depuis la chute de Moubarak, a de fait annoncé dans la soirée d'avant-hier, juste après la fermeture des bureaux de vote, la publication d'une constitution par intérim limitant les pouvoirs du futur président. Camp Chafiq "étonné" "Nous sommes étonnés par ce comportement bizarre qui revient à détourner le résultat de l'élection", a déclaré à la presse un responsable de la campagne de M. Chafiq, Mahmoud Barakeh. "Nous la rejetons totalement", a-t-il ajouté. Un autre responsable de la campagne Mahmoud Farrag, a affirmé que M. Chafiq avaient recueilli 51,6% des voix selon des résultats partiels. Peu après la fermeture des bureaux de vote, la junte aux commandes du pays s'est elle attribué de vastes prérogatives, dont le pouvoir législatif. Et donc quel que soit le vainqueur, l'essentiel du pouvoir restera ainsi aux mains des militaires jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée du peuple à la place de la chambre dissoute samedi. Les nouvelles dispositions, vivement contestées par les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire qui les ont assimilées à "un coup d'Etat", sont contenues dans une déclaration constitutionnelle complémentaire publiée par le Conseil suprême des forces armées (CSFA). L'armée promet de remettre le pouvoir au président avant juillet L'armée au pouvoir en Egypte a de nouveau promis, hier, de remettre avant le 30 juin le pouvoir au nouveau chef de l'Etat issu de l'élection présidentielle dont le second tour s'est tenu samedi et dimanche. Le nouveau président devrait cependant avoir peu de marge de manœuvre compte tenu des vastes prérogatives que l'armée s'est octroyée dimanche soir. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) va transférer le pouvoir au nouveau président d'ici le 30 juin, a assuré un membre du CSFA, le général Mamdouh Chahine, au cours d'une conférence de presse. "Le président de la République sera investi de tous les pouvoirs du président de la République", a indiqué un autre général au pouvoir, Mohammed al-Assar, à la même conférence de presse. Le CSFA a toutefois assuré qu'il ne s'octroyait que des pouvoirs législatifs restreints afin de créer un équilibre entre les pouvoirs. "Le Conseil militaire étudiera les lois proposées par le gouvernement, dont les membres seront choisis par le président", a déclaré le général Chahine. "Les projets de loi seront ensuite présentés au président, et ni le Conseil militaire ni le président ne pourront seuls faire passer une loi. Aucune branche du pouvoir ne peut assumer le législatif et l'exécutif seule. L'idée est de créer un équilibre", a-t-il dit. "Ce mécanisme continuera de fonctionner jusqu'à l'élection de nouveaux députés, peut-être à la fin de l'année", a ajouté le général.