Parviendrons-nous un jour à disposer d'une économie de marché qui soit en notre faveur, et qui protège nos entreprises contre une concurrence du privé étranger ? Il faudrait beaucoup de patience pour que les populations puissent accepter d'attendre l'instauration d'une véritable économie de marché, celle qui serait en mesure de financer le développement. Il y a des discours qui ne passent plus quels que soient les efforts déployés pour y parvenir. Lorsqu'on tente de convaincre les populations qu'il est grand temps qu'elles renoncent à l'exigence d'un Etat providence qui leur procure le sentiment de confort et de sécurité, qu'elles doivent accepter que le niveau des barrières de protection sociale soit abaissé, alors que les conditions ne sont pas encore prêtes pour que les entreprises deviennent performantes et fournissent aux travailleurs un coussin amortisseur pour les frustrations socio-économiques, il est évident qu'un tel discours ne passe pas encore et ne soit pas reçu sous l'angle de sa validation Il n'ya pas longtemps de cela, posséder des entreprises publiques signifiait le renforcement de la souveraineté du pays par rapport à l' "infitah" qui signifiait la volonté de vendre " le bled ". Les déceptions marquent pour longtemps, car les populations ne comprennent pas comment et surtout pourquoi la constitution qui interdisait l'abandon du socialisme (et donc la justice sociale) laisse place maintenant au libéralisme qui est générateur d'inégalités sociales. Il n'est pas facile de passer d'une époque où le travail était un droit à celle où il est une chance assez rare, d'une époque où c'était à l'Etat que revenait l'obligation de fournir un emploi à une époque où c'est l'entrepreneur public ou privé de recruter sans que l'obligation ne lui soit signifiée, d'une époque où le recrutement était suivi d'un plan de carrière à une époque de précarité. Dans ces conditions, il ne sera jamais accepté que soit venu pour l'Etat le moment qu'il se désengage de tout pour devenir un Etat garant