Il est plus facile de passer aux réformes politiques qu'à des réformes économiques. Sur le premier plan, il y a plusieurs modèles de transition sans obligation immédiate de résultats. Par contre, sur le plan économique, les frustrations socioéconomiques sont grandes et leur satisfaction en urgence est impossible. Des réformes politiques d'abord ? Nous ne retenons des émeutes que le côté politique, car on sait que les réponses économiques sont difficiles. On a oublié la dimension économique des réformes. Depuis le temps qu'on parle de déclarer la guerre au marché informel et à la corruption, on a fini par nous habituer à l'absence d'actions de conformité aux engagements. Fermeté dans les discours et prudence dans les actions. La programmation des étapes de crise est connue. Contestation sociale, puis mouvement social plus ou moins structuré, puis transformation en revendications politiques durables. Pour le moment, on ne voit pas encore des députés (il en existe quand même), qui vont mettre de côté leurs appartenances partisanes pour produire et voter des amendements en faveur de l'intérêt général? Il leur a toujours appartenu que le débat sur les réformes politiques ne sorte pas de l'enceinte parlementaire pour trouver refuge dans la rue, mais c'est le contraire qui se produit. C'est l'heure des réformes. L'heure sera bientôt dépassée. Des réformes politiques, certainement, car ce sont elles qui focalisent toutes les attentions. L'absence de conformité a érodé ce qui peut encore exister de la confiance en les institutions. Ouvrir le champ politique? Ouvrir le champ économique et surtout l'accès aux banques pour ce qui concerne les devises et les garanties des importations à faire par le secteur privé ? De toute façon, nous allons prioriser les réformes politiques. En premier lieu, ce qui concerne les libertés politiques. Parmi elles, le droit à l'information plurielle. Cela passe bien sûr par l'ouverture des médias au secteur privé. Nous y allons. Comment nous y allons ? On le saura quand le projet gouvernemental sera passé par les deux chambres parlementaires mais lors de son application. Prioriser les réformes politiques. Ouvrir le champ politique ? On dit bien que les manifestations d'octobre 88 étaient porteuses de revendications plutôt sociales que politiques. De justice également. Elles ont pourtant reçu une réponse politique. Il était plus facile d'annoncer un programme de réformes politiques que de lancer un programme important économico-social à hauteur de l'ampleur des manifestations. L'exacerbation des revendications sociales peut atteindre progressivement le point culminant s'il y a reconduction des mêmes contradictions. Tout apaisement recherché pour ne pas laisser la contestation monter en puissance et atteindre le seuil de non retour nécessite bien entendu une concertation plus élargie. Mais, le préalable demeure la tenue d'un débat impliquant le plus d'acteurs concernés par le règlement de telles questions. Normalement, il ne peut pas y avoir de réformes sans débat, aussi bien les réformes politiques que les réformes économiques.