Les groupes français EDF et russe Gazprom ont convenu cette semaine de s'allier pour produire de l'électricité en Europe, une perspective prometteuse notamment pour le Russe qui veut s'implanter sur le marché européen et a échoué avec l'Allemand RWE. L'accord de coopération a été signé par le P-DG de Gazprom, Alexeï Miller, et celui d'EDF, Henri Proglio, en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie), une grand-messe des affaires qui réunit chaque année dans l'ancienne capitale impériale des centaines d'investisseurs russes et étrangers. Le document prévoit la possibilité de construire conjointement ou d'acquérir des centrales électriques à gaz à parts égales, précisent les deux entreprises dans un communiqué. Gazprom, dont les livraisons de gaz représentent déjà plus du quart des besoins de l'Union européenne, sera l'unique fournisseur des centrales. L'accord qui vient d'être signé marque le début des discussions pour identifier les projets et les pays dans lesquels cela va se faire, a indiqué une porte-parole d'EDF. Le patron de Gazprom a salué le travail intensif des deux groupes pour élaborer un modèle optimal de coopération dans la production d'électricité. De son côté, Henri Proglio, cité en russe dans le communiqué, a souligné qu'EDF avait l'intention de créer des relations de partenariat durables avec les principaux acteurs du marché énergétique dans le monde entier. Ce projet de coopération renforce les liens entre EDF et Gazprom qui sont déjà partenaires depuis septembre 2011, au côté de l'Italien ENI et de l'Allemand Wintershall, dans le projet South Stream. Ce gazoduc doit, à partir de 2015, acheminer du gaz russe vers l'Union européenne en passant sous la mer Noire, en évitant l'Ukraine, avec laquelle Moscou a eu à plusieurs reprises des conflits commerciaux qui ont provoqué des ruptures d'approvisionnement en Europe. Avant de s'allier à EDF, Gazprom, alléché par les perspectives prometteuses du gaz en Europe renforcées par l'annonce par Berlin de l'abandon du nucléaire, avait tenté de coopérer avec l'Allemand RWE dans le domaine des centrales électriques. Les deux groupes ont toutefois mis en décembre dernier un terme à leurs négociations entamées quelques mois auparavant pour créer une coentreprise qui regrouperait les centrales existantes ou à construire en Allemagne, Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. RWE a indiqué avoir échoué à s'entendre sur une structure de coopération durable avec le géant russe. Signe de l'intérêt très net de Gazprom, le Français GDF Suez avait aussi évoqué en juillet 2011 une éventuelle coopération avec le Russe. Du côté d'EDF, l'accord confirme les ambitions du Français de se développer dans cette énergie, dont la demande est promise à un bel avenir. Fin mai, le groupe a bouclé la prise de contrôle de l'Italien Edison, dont il veut faire son pôle de développement du gaz. Présent dans la production, Edison dispose d'actifs gaziers en Italie et en Egypte, et participe par ailleurs à deux projets de gazoducs, reliant l'Italie à l'Algérie d'une part, et à la Turquie d'autre part. Plus largement, EDF veut porter son parc de production d'énergie à 200 gigawatts d'ici 2020, contre environ 160 gigawatts l'an dernier.