Les Etats de l'UE devront obtenir l'aval de la Commission européenne pour leurs gros contrats énergétiques signés avec des pays tiers comme la Russie et son géant Gazprom, si une proposition présentée, hier, par l'exécutif européen se concrétise. Cette proposition risque de poser des problèmes à beaucoup d'Etats membres, a mis en garde un diplomate européen s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Pour le commissaire européen à l'Energie, Gunther Oettinger, il s'agit d'adopter une approche cohérente dans les relations énergétiques avec les pays tiers. Il faut améliorer la coordination interne afin que l'UE et ses Etats membres agissent ensemble et parlent d'une seule voix, notamment face à la Russie, a-t-il soutenu. Selon Bruxelles, les pays de l'Union confrontés à des risques potentiels de pénurie d'approvisionnement, sont actuellement soumis à des pressions croissantes de la part de pays tiers pour accepter des concessions incompatibles avec la loi européenne sur la concurrence. Le statu quo n'est pas satisfaisant, a insisté la Commission. Hasard du calendrier ou pas, la proposition de M. Oettinger intervient au lendemain de l'inauguration par le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, du gazoduc Nord Stream qui livrera du gaz naturel russe directement en Europe de l'ouest via la Baltique, sans passer par l'Ukraine ou la Pologne. Des conflits sur le prix du gaz russe payé par les Ukrainiens ont, par le passé, entraîné le blocage des approvisionnements européens. Le texte du commissaire intervient également au lendemain de l'annonce par le géant russe Gazprom de la signature, le 16 septembre, de l'accord sur le gazoduc South Stream destiné à livrer du gaz russe à l'Union européenne via la Mer noire. Le projet South Stream auquel sont associés l'italien Eni, le français EDF et l'allemand Wintershall est un concurrent direct du projet de gazoduc Nabucco, soutenu par Bruxelles et porté par le groupe allemand RWE. Nabucco prévoit d'importer du gaz d'Asie centrale via la Turquie.