La troïka des bailleurs de fond de la Grèce se rendra à Athènes dès aujourd'hui afin d'actualiser le programme de réformes et de rigueur du pays, a annoncé le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. D'autre part, le Fonds de secours européen (FESF) va débloquer un milliard d'euros pour la Grèce d'ici la fin du mois, a dit M. Juncker. Cette annonce est intervenue le jour de la formation du nouveau gouvernement grec dirigé par le conservateur Antonis Samaras à la tête d'une équipe alliant droite, socialistes et gauche modérée. M. Samaras a annoncé que son premier chantier était de réviser les conditions du mémorandum de rigueur sans mettre en danger la voie européenne du pays ou son maintien dans l'euro. Athènes s'apprête notamment à demander à ses bailleurs de fonds deux ans de plus pour assainir ses comptes, pouvant impliquer un nouveau prêt de 16 à 20 milliards d'euros, selon l'agence de presse grecque Ana. La Grèce veut freiner les licenciements et le plan de rigueur La nouvelle coalition gouvernementale grecque cherchera à freiner les licenciements. Elle veut aussi prolonger de deux ans la période d'application du plan de redressement imposé au pays. Le nouveau Premier ministre Antonis Samaras a en outre été opéré avec succès. Le document publié par le gouvernement de coalition grec dirigé par M. Samaras a promis de "réviser" le plan de sauvetage de la Grèce avec une "extension de la période d'ajustement budgétaire d'au moins deux ans", jusqu'en 2016. Le but serait d'atteindre les objectifs budgétaires "sans réductions supplémentaires des salaires, des retraites et de l'investissement public", indique le texte. Celui-ci annonce aussi un gel des licenciements dans la fonction publique et un coup de pouce aux allocations chômage. "L'objectif est d'éviter les licenciements des personnels permanents, mais aussi d'économiser un montant non négligeable en coûts non salariaux de fonctionnement et d'avoir moins de bureaucratie", ajoute le document. Les Européens doutent du maintien de la Grèce dans la zone euro Les citoyens des quatre principaux pays de la zone euro, soit de France, d'Allemagne, d'Espagne et d'Italie, doutent de la capacité de la Grèce à s'y maintenir. Mais tous restent très attachés à la monnaie commune, selon un sondage européen Ifop-Fiducial publié, hier. Pour la grande majorité d'entre eux, "l'argent prêté à la Grèce est de l'argent perdu" parce qu'Athènes ne pourra jamais le rembourser. Cette opinion est partagée par 85% des Français, 84% des Allemands, 72% des Espagnols et 65% des Italiens. Ils sont également pessimistes sur les problèmes de la zone euro dans l'hypothèse où la dette grecque ne sera pas sauvée: 84% des Français, 76% des Allemands, 90% des Espagnols et 88% des Italiens pensent que "les difficultés vont s'accroître dangereusement". Exclusion de la Grèce Et l'opinion selon laquelle la Grèce va réussir à réduire sa dette et son déficit grâce à l'Union européenne et à ses propres efforts est minoritaire partout, sauf en Italie (56%, contre 39% en France, 27% en Allemagne et 44% en Espagne). Dans le cas d'un échec, beaucoup sont favorables à l'exclusion de la Grèce de la zone euro. Mais les plus sévères sont les Allemands (78%) et les Français (65%) alors que les Espagnols (51%) et les Italiens (49%) sont plus indulgents. Euro plébiscité Cependant, les opinions des Allemands et des Français se sont un peu infléchies depuis novembre 2011, lorsqu'ils avaient été interrogés pour un précédent sondage. Ils étaient alors respectivement 81% et 73% à souhaiter l'exclusion de la Grèce. Pour ce qui concerne leur propre pays, la plupart des personnes interrogées sont opposées à un retour à l'ancienne monnaie nationale: 74% des Français sont contre un abandon de l'euro au profit du franc, 75% des Espagnols contre le retour de la peseta et 72% des Italiens celui de la lire. L'opposition est moins forte chez les Allemands, où 61% d'entre eux disent non à une remise en circulation du mark.