L'Otan a jugé, hier, inacceptable la destruction d'un avion de combat turc par la Syrie et exprimé son soutien et sa solidarité avec Ankara, mais sans évoquer une possible intervention militaire. Nous considérons cet acte comme étant inacceptable et nous le condamnons dans les termes les plus forts, a déclaré le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, à l'issue d'une réunion d'urgence au siège de l'Otan à Bruxelles. Cette réunion, qui a rassemblé les ambassadeurs des 28 pays membres de l'Otan, avait été demandée par la Turquie au titre de l'article 4 du traité de l'Alliance. Ce dernier prévoie que tout pays membre peut porter une question à l'attention du Conseil quand il estime que son intégrité territoriale ou sa sécurité est menacée. Au cours de cette réunion qui a duré environ une heure et demie, les Alliés ont exprimé leur fort soutien et leur solidarité avec la Turquie, a indiqué M. Rasmussen. La sécurité de l'Alliance est indivisible, a-t-il ajouté. L'ambassadeur turc auprès de l'Otan a expliqué à ses collègues dans quelles conditions le F-4 Phantom turc avait été abattu, vendredi, par la Syrie alors qu'il effectuait une mission d'entraînement au-dessus des eaux internationales. Selon lui, l'avion a pénétré l'espace aérien syrien durant environ cinq minutes, ce qui a été signalé aux Syriens. Il a ensuite été abattu à une distance de 13 milles (environ 24 km) des côtes syriennes, alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales. L'ambassadeur a expliqué qu'il ne pouvait y avoir d'ambiguïté sur ce point, selon un diplomate occidental. A l'issue de la présentation turque, tous les ambassadeurs des pays membres de l'Otan ont exprimé à tour de rôle leur solidarité avec Ankara. Aucun d'entre eux n'a fait allusion à une éventuelle réponse militaire, a-t-on précisé de source diplomatique. Nous continuerons à suivre de très près et avec une grande préoccupation, et nous resterons saisis des développements à la frontière sud-est de l'Otan, a assuré M. Rasmussen. Je ne prévois pas qu'un tel accident puisse se répéter, a-t-il ajouté. C'est seulement la seconde fois depuis la création de l'Otan en 1949 qu'est évoqué l'article 4, la précédente ayant été en 2003, également à la demande de la Turquie, à propos de la guerre en Irak. Durant la réunion, nous n'avons pas discuté de l'article 5, a souligné M. Rasmussen. Considéré comme le plus important du traité de l'Atlantique nord, cet article envisage l'usage de la force en stipulant qu'une attaque armée contre l'un ou plusieurs des membres de lOtan, est considérée comme une attaque dirigée contre tous les membres. L'Otan a invoqué l'article 5 une seule fois dans son histoire, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, avant la guerre en Afghanistan. Depuis le début de la crise syrienne, l'Otan a toujours exclu une intervention militaire, qui n'est pas la bonne voie pour la Syrie, a récemment affirmé M. Rasmussen. Pour les responsables de l'Alliance, les conditions qui avaient été établies en 2011 pour intervenir en Libye ne sont pas réunies pour la Syrie, à savoir une base légale internationale sous la forme d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et l'appel de l'opposition syrienne à une intervention. Ankara menace Damas de représailles Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré, hier, que l'armée turque répondra à toute violation future de sa frontière par des éléments militaires syriens. "Les règles de l'engagement des forces armées turques ont changé", a affirmé M. Erdogan. "Tout élément militaire qui approche de la frontière turque depuis la Syrie, en posant un risque et un danger au niveau de la sécurité, sera considéré comme une menace et traité comme une cible militaire", a-t-il souligné. Il a ajouté que des hélicoptères syriens avaient violé l'espace aérien turc à cinq reprises récemment, sans riposte turque. Al-Assad est un "dictateur sanguinaire" Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a aussi annoncé que la Turquie "soutiendrait le peuple" syrien jusqu'à la chute du régime du président Bachar al-Assad. De son côté, l'Otan a condamné la destruction d'un avion turc par la Syrie. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a aussi qualifié al-Assad de "dictateur sanguinaire", après la crise diplomatique entre Ankara et Damas. "Le peuple syrien est notre frère. La Turquie soutiendra le peuple syrien de toutes les manières nécessaires jusqu'à ce qu'il se sauve de l'oppression, du massacre, de ce dictateur sanguinaire et de sa clique", a-t-il déclaré dans un discours devant son groupe parlementaire à Ankara. L'ONU n'a toujours pas de confirmation sur la réunion du 30 juin à Genève L'ONU n'a toujours pas reçu, hier, de confirmation de la conférence internationale sur la Syrie qui pourrait avoir lieu le 30 juin à Genève dans le Palais des Nations unies. Sur la réunion hypothétique du 30 juin, elle reste hypothétique, c'est-à-dire que nous n'avons aucune confirmation, a déclaré la directrice du service de l'information des Nations unies à Genève, Corinne Momal-Vanian, lors d'un point de presse. Elle a indiqué espérer une confirmation cet après-midi, peut-être demain. On attend tous une confirmation pour préparer les choses mais pour l'instant ce n'est toujours pas confirmé, a-t-elle précisé. Si elle devait avoir lieu, la réunion pourrait démarrer très tôt, samedi prochain, et réunirait les différents ministres des Affaires étrangères des différents pays représentés, selon des sources onusiennes. Cette réunion décisive sur l'avenir de la Syrie a été souhaitée par l'émissaire international Kofi Annan, dont le plan en six points est mis en échec depuis son entrée en vigueur théorique le 12 avril. Cette conférence devrait compter sur la présence des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne), ainsi que des Etats de la région qui ont une influence sur les parties. La question de la participation de pays de la région est aussi posée, sans consensus sur ce point. Violents affrontements dans deux banlieues de Damas, selon des militants De violents combats opposaient, hier, des rebelles syriens à la Garde républicaine dans deux banlieues de la capitale, Damas, ont annoncé des militants. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres, a précisé que les affrontements avaient lieu dans les banlieues de Qudsaya et de Hammah, à environ huit kilomètres du centre de Damas. L'OSDH a ajouté que plusieurs personnes auraient été tuées, mais il n'a pas donné de bilan précis. La tâche principale de la Garde républicaine est de protéger la capitale, siège du pouvoir de Bachar el-Assad. Si Damas est contrôlé par les forces du président syrien, des affrontements ont lieu régulièrement dans les banlieues entre soldats et rebelles. Par ailleurs, selon l'OSDH et les Comités locaux de coordination (CLC), un autre groupe de militants, des soldats sont entrés dans le quartier de Barzeh, à Damas, avec des véhicules blindés de transport de troupes, tuant au moins une personne. Les CLC ont aussi fait état de bombardements qui ont fait plusieurs blessés à Deir el-Zour, dans l'est du pays.