Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse à New York, avant-hier, plombés par le scepticisme suscité par le sommet européen qui se tient à Bruxelles. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août a cédé 2,52 dollars par rapport à la veille, à 77,69 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini sur l'Intercontinental Exchange (ICE) à 91,36 dollars, en baisse de 2,14 dollars. Tout était orienté à la hausse le matin et tout s'est renversé, a déploré Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric). Ce revirement s'explique par le peu d'enthousiasme généré par le sommet européen de Bruxelles, ouvert, avant-hier, pour deux jours, et censé trouver des solutions à la crise de la dette. Le marché estime qu'il y a le potentiel pour que rien ne soit résolu, a-t-il noté. En particulier, les opérateurs veulent savoir si l'Allemagne va accepter la mutualisation de la dette des pays de la zone euro, a indiqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Cette mutualisation des dettes, catégoriquement rejetée par Berlin, est en revanche préconisée par la France, l'Italie et la Commission européenne. Les dirigeants des 27 pays de l'UE doivent discuter notamment des réformes à apporter au système bancaire et des règles budgétaires, alors que la pression s'accroît sur l'Espagne ou l'Italie, qui voient s'envoler leurs taux obligataires à des niveaux ingérables sur la durée. On voit un recul lourd, il sera intéressant de suivre ça demain: va-t-on passer sous le seuil des 75 dollars ?, a lancé Matt Smith. Dans ce contexte, le renforcement du dollar face à un euro sous pression contribuait à rendre encore moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. "Les déclarations de la France et de l'Allemagne vont être scrutées. Mais comme le marché du pétrole n'a pas de très grandes attentes sur ce sommet, même une issue un peu décevante ne devrait pas peser trop lourdement sur les prix", tempérait toutefois Harry Tchilinguirian, analyste de BNP Paribas. Des indicateurs américains publiés, avant-hier, et en ligne avec les attentes des analystes (baisse des inscriptions au chômage sur la semaine achevée le 22 juin et confirmation de la croissance des Etats-Unis au premier trimestre) ont pratiquement été ignorés par les opérateurs. La veille, le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE), publié, mercredi dernier, "a alimenté la morosité du marché", montrant que les stocks d'essence du pays, très surveillés à l'orée de la période estivale des grands déplacements en voiture, avaient grimpé la semaine dernière tandis que "les réserves de brut restaient pratiquement inchangées", observait M. Varga. Ces chiffres renforçaient les craintes de consommation énergétique durablement en berne aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut. Le marché restait toutefois soutenu par la poursuite d'un mouvement de grève dans le secteur pétrolier en Norvège, entamé dimanche par 700 employés sur deux champs de la mer du Nord. "Les perturbations de la production norvégienne résultant de cette grève s'accroissent. Les pertes de production atteignent désormais un total de 240 000 barils par jour, ce qui représente 15% de l'offre d'or noir du pays", de loin le plus gros producteur européen, soulignaient les analystes de Commerzbank. Une dizaine de pays de l'UE, essentiellement l'Italie, l'Espagne et la Grèce, achetaient jusqu'ici près de 20% des exportations de pétrole iranien, alors que le pays tire 80% de ses revenus en devises du pétrole.