Le géant public malaisien de l'énergie Petronas a conclu un accord pour racheter le canadien Progress Energy, spécialisé dans l'exploitation de gisements de gaz naturel non conventionnel, pour environ 5,5 milliards de dollars, ont annoncé, avant-hier, les deux groupes. Petronas déboursera 20,45 dollars canadiens (autant en dollars US) par action de Progress Energy, une prime de 77% par rapport à la valeur du titre du groupe canadien à la clôture des marchés mercredi, ont précisé les deux entreprises dans un communiqué conjoint. A la Bourse de Toronto, l'action du groupe énergétique canadien a bondi de 74% en matinée à 20,07 dollars, preuve de la confiance des marchés dans cette offre de rachat. La transaction permettra de combiner l'expertise globale et le leadership de Petronas dans le développement des infrastructures pour le gaz naturel liquéfié à l'expérience de Progress Energy dans l'exploitation de ressources non conventionnelles, afin de bâtir une entreprise énergétique de premier rang au Canada, a déclaré Datuk Anuar Ahmad, vice-président de la division gaz naturel du géant malaisien. Les deux groupes avaient déjà établi l'an dernier un partenariat pour l'exploitation de gisements de gaz de schiste dans les Foothills, région située dans le nord de la province de Colombie-Britannique (ouest). Les deux groupes ont par ailleurs annoncé, avant-hier, le choix d'un site à Prince Rupert, sur la côte pacifique en Colombie-Britannique, pour créer un terminal de gaz naturel liquéfié, ce qui pourrait permettre à terme d'exporter sur les marchés mondiaux. Les partenaires ont d'ailleurs obtenu les droits exclusifs pour faire des études de faisabilité sur leur projet de terminal gazier et ont entamé un dialogue avec les autorités locales et des communautés autochtones. La construction de terminal gazier et d'oléoduc est un sujet très sensible dans l'ouest canadien où une partie de la population, de nombreux groupes écologistes et des communautés autochtones tentent de mesurer les risques sociaux et environnementaux réels de ces projets. Le conseil d'administration du groupe canadien établi à Calgary, en Alberta (ouest), a par ailleurs recommandé à l'unanimité son rachat par Petronas, ont indiqué les deux groupes. Les dirigeants de Progress Energy et l'Office d'investissement du régime de pension du Canada (IRPC), un fonds responsable de faire fructifier les cotisations des retraites, qui détiennent environ 25% des actions du groupe, se sont engagés à voter en faveur de la transaction. L'accord entre le géant malaisien et le groupe de l'ouest canadien comporte une clause de non-sollicitation en vertu de laquelle Progress Energy ne peut courtiser un autre acquéreur dans le but de faire monter les enchères. Si le groupe canadien acceptait une offre non sollicitée supérieure à celle de Petronas, il devrait alors verser une compensation de 150 millions de dollars. Nous pensons que l'accord sera entériné par les actionnaires de Progress et qu'il n'y aura pas d'offre concurrente, ont commenté les analystes de la firme Canaccord dans une note aux marchés. La transaction doit aussi recevoir le feu vert du bureau canadien de la concurrence, responsable de faire respecter la loi anti-monopole, et du ministère fédéral de l'Industrie, qui doit déterminer si elle est dans l'intérêt du pays. Petronas, qui détient déjà une filiale au Canada, s'est à ce propos engagé, avant-hier, à maintenir en poste l'ensemble des employés de son partenaire. Nous pensons que l'offre sera approuvée par le gouvernement, ont souligné les analystes de Canaccord. Au cours des dernières années, les groupes énergétiques asiatiques ont multiplié les investissements dans le secteur des hydrocarbures au Canada, en premier lieu dans les sables bitumineux de l'Alberta, troisième réserve mondiale d'or noir après l'Arabie saoudite et le Venezuela.