L'euro évoluait à des niveaux record hier matin face au dollar. Il a coté 1,3787 dollar, son cours le plus élevé depuis son lancement le 1er janvier 1999. La monnaie américaine étant affectée par de nouveaux signes d'aggravation de la crise de l'immobilier aux Etats-Unis. Si dans la zone euro, cette situation est un atout pour les importateurs et les industries à forte consommation énergétique et pénalisante pour les exportateurs, la situation est tout autre hors de cette zone. En effet, la force de la monnaie européenne a préservé de l'inflation et amorti le coût grandissant des matières premières, pétrole compris, facturées en dollars. Tous les produits étrangers, surtout informatiques ou textiles, achetés par les européens à l'étranger leur reviennent moins cher. Par ailleurs le véritable avantage de cette situation sera la baisse du prix du baril de pétrole. Un dollar faible a une conséquence positive car il réduit pour les industriels la facture pétrole et matières premières à l'importation, a fait valoir mardi soir un membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). Le dollar constituant la principale monnaie de facturation, son cours a un impact direct sur les économies. Ainsi, un dollar faible s'avère globalement défavorable aux pays qui exportent vers la zone euro en facturant en dollars pour ensuite importer de la même zone en euro. Les progrès de la monnaie européenne, sur la scène internationale, confirme de plus en plus son rôle d'alternative au dollar. Les experts considèrent que l'effondrement du dollar se produira quand le taux de change par rapport à l'euro atteindra 1, 5 dollar. Pour d'autres, il faudrait plutôt 1,70 dollar. Le chiffre de 1,3787 dollar, atteint hier, rapproche de plus en plus l'échéance. Le déficit commercial des USA et le gouffre sans fond que représente l'Irak, sans parler du fait que les marchés internationaux peuvent cesser d'utiliser le dollar, enfonce encore plus le billet vert. Cette situation, si elle perdure, risquera de pousser les pays partenaires de l'Europe à envisager l'adoption de l'euro comme monnaie de facturation de leurs exportations pour réduire le manque à gagner induit par la facturation en dollars. Cette éventualité concernera en premier lieu les pays exportateurs de matières premières, notamment l'Organisation de pays producteurs de pétrole (Opep). En effet, face à l'affaiblissement du dollar depuis des mois déjà, les Emirats arabes unis avaient annoncé, le 27 décembre dernier, qu'ils allaient convertir 8% de leurs réserves en euros, pour atteindre 10% de leurs réserves totales. Quatrième exportateur de pétrole, l'Iran avait, lui aussi, annoncé le 18 décembre son intention de libeller ses revenus extérieurs, ainsi que ses avoirs à l'étranger, en euros plutôt qu'en dollars. "Les ressources de l'étranger et les revenus pétroliers seront calculés en euros, et nous les recevrons en euros pour mettre fin à la dépendance à l'égard du dollar", a expliqué le porte-parole du gouvernement, Gholan Hossein Elham. Pour sa part, le Venezuela s'est montré intéressé par la décision de l'Iran et envisage d'en faire autant. La question est d'autant plus importante que ces trois pays sont membres de l'Opep. Selon un rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI), au deuxième trimestre 2006, les avoirs en dollars des pays de l'Opep ont représenté 65% du total contre 67% au trimestre précédent. Dans le même temps, les avoirs en euros sont passés de 20% à 22%. Un mouvement faible, certes, mais qui pourrait s'amplifier. Depuis quelques mois, la confiance dans le dollar semble s'effriter.