La Russie a annoncé, hier, qu'elle allait organiser des discussions avec deux groupes de l'opposition syrienne, des responsables du gouvernement du président Bachar el-Assad, et l'envoyé spécial Kofi Annan en juillet. Le ministre-adjoint au ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, a expliqué que la première organisation, dirigée par le responsable de l'opposition syrienne Michel Kilo, arriverait en fin de semaine. L'autre organisation menée par Abdel Basset Sayda, nouveau chef du Conseil national syrien (CNS), se rendra à Moscou après le 10 juillet. Un diplomate russe, ayant souhaité l'anonymat, a déclaré que Kofi Annan était également attendu à Moscou mi-juillet. Ces entretiens sont "importants parce que nous avons fait de notre mieux pour appliquer le plan de Kofi Annan et les décisions de la conférence de Genève", qui s'est tenue samedi, a déclaré le chef de la diplomatie russe. L'opposition à Moscou demain ou après-demain Une délégation de l'opposition syrienne est attendue, demain ou après-demain, en Russie, a déclaré aux journalistes le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. "Dans les jours qui viennent, nous attendons une délégation conduite par Michel Kilo, personnalité politique et publique", a déclaré le vice-ministre. Ce dernier a précisé, hier, que la visite pourrait avoir lieu le 4 ou le 5 juillet prochain. Réfugié à Paris, Michel Kilo, a été à différentes étapes de sa vie représentant de l'opposition intérieure et extérieure. La nécessité de travailler activement avec l'opposition syrienne découle des décisions adoptées le 30 juin dernier à Genève. "Nous avons entamé ce travail avec Damas. Parallèlement, nous travaillerons dans le même sens avec les représentants de l'opposition", a poursuivi M. Bogdanov. Une conférence sur la Syrie a été convoquée le 30 juin à Genève. Les ministres des Affaires étrangères des pays participants à la réunion ont établi une liste de changements politiques nécessaires à mettre en place dans ce pays secoué depuis la mi-mars 2011 par un mouvement de protestation sans précédent. Selon les estimations des Nations unies, la confrontation armée aurait déjà fait plus de 12 000 morts et quelque 230 000 réfugiés. Plus d'un million de personnes ont aujourd'hui besoin d'aide humanitaire. Les chefs de la diplomatie ont notamment proposé de créer un gouvernement de transition avec la participation de l'ensemble des forces intéressées à ce que la Syrie se transforme en un Etat démocratique. Ce cabinet devra garantir le respect des droits de l'homme. Les participants à la réunion ont également évoqué la possibilité que soit adoptée une nouvelle constitution syrienne, à la condition que celle-ci soit approuvée par le peuple. Des élections multipartites pourront être organisées dans le pays suite à ces changements. Les chefs de la diplomatie ont appelé les parties en conflit à mettre fin aux violences, à retirer les troupes des villes, à désarmer les groupes armés et à libérer les détenus politiques. D'après le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le départ d'Assad, n'est pas mentionné dans les ententes de Genève. Le président du CNS à Moscou en juillet Le nouveau président du Conseil national syrien (CNS) Abdel Basset Sayda est attendu en Russie la deuxième dizaine de mois de juillet, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. "Nous avons invité le président du CNS à Moscou. Nous espérons qu'il visitera la Russie pendant la deuxième dizaine du mois de juillet", a déclaré M. Bogdanov. Lors de ce déplacement, Abdel Basset Sayda pourrait rencontrer le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Le CNS, principale coalition de l'opposition syrienne, réunit 230 opposants résidant tant en Syrie qu'à l'étranger. Sa formation a été annoncée le 2 octobre dernier à Istanbul. La conférence des "Amis de la Syrie" qui a eu lieu début avril à Istanbul a reconnu le CNS en tant que seul représentant légitime du peuple syrien. L'opposition rejette les résultats de la conférence de Genève Les représentants de l'opposition syrienne rejettent les résultats de la conférence de Genève sur la Syrie, et refusent de se mettre à la table des négociations avec le président Bachar el-Assad, rapportent les agences occidentales. "Nous ne pouvons pas dire qu'un résultat positif a été obtenu lors de la conférence", a déclaré un représentant de l'opposition. Bien que le plan, concerté par les participants de la réunion de Genève, comprenne des "éléments positifs", il n'est globalement pas acceptable pour l'opposition, parce qu'il prévoit que le parti au pouvoir participe au règlement de la crise, et parce qu'il ne propose aucun calendrier. Les opposants utilisent des grenades fabriquées en Suisse Les opposants armés luttant contre l'armée gouvernementale en Syrie se servent de grenades fabriquées par le groupe militaro-industriel suisse Ruag, a annoncé, hier, le site du quotidien suisse Sonnetags Zeitung. Selon le journal, il s'agit de grenades Offensive OHG92 et SM 6-03-1. Jeudi dernier, elles ont été photographiées au nord de la Syrie par un journaliste couvrant le conflit du côté des opposants. "Les rebelles m'ont montré leurs photos de caisses remplies de grenades de fabrication suisse. Ils affirment que les grenades de ce type sont en usage (dans les combats)" a indiqué le journaliste cité par le quotidien. De son côté, le groupe Ruag a confirmé que "les grenades prises en photo ont l'air d'avoir été fabriquées par le groupe". Un porte-parole du groupe a affirmé que le groupe n'avait pas réalisé de livraisons directes de ses grenades. Une autre source a également confirmé que les combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) étaient équipés de grenades suisses qui auraient pu être livrées en contrebande à partir de la Turquie. Le quotidien Sonnetags Zeitung indique que livrer des armements dans les régions en conflit constitue une violation de la loi suisse sur les armes. Le parlement suisse entend examiner les informations concernant les éventuelles livraisons de grenades en Syrie.