Il a écrit des livres, notamment un roman Entre l'olivier et la rocaille, mais n'a pas beaucoup fait parler de lui. Abderrezak Hellal récidive, cette fois-ci, avec, Place de La Régence, un autre roman publié chez Alpha édition, et proposé, récemment, à l'occasion de la XIème édition de la Foire internationale du livre d'Alger, (SILA). Plus connu en sa qualité de réalisateur de téléfilms et d'autres documents, produits en grande partie par la télévision algérienne, Abderrezak Hellal approche, toutefois, de façon timide, le vaste univers de la littérature. Le nouvel ouvrage du cinéaste, souvent versé dans l'image et l'écrit révolutionnaire, paraît, d'avance, imagé. Comme s'il rédigeait un scénario, Abderrezak Hellal, raconte une ville, Bouhdjar, peuplée de personnages comme, Flen Si Slimane , Le gouverneur, Le peuple ou encore les anonymes, au pluriel, “ les femmes et les hommes ”. Il n'y a pas dans Place de La Régence un récit, suivant, pas à pas un quelconque personnage qui évolue autour des autres. Le “ je ” narrateur est prédominant, et c'est un “ je ” omniprésent qui connaît ce qui se passe et dans la tête et dans le ventre du reste des personnages. Le style est plutôt imagé, c'est comme si l'auteur filmait des séquences d'un film algérien. “ Les femmes - y compris les rouquines- mirent du khôl pour qu'elles soient belles. Les hommes : ceux qui sentaient l'oignon, ceux qui puaient l'ail, taillèrent leurs moustaches, réjustèrent leur turban, leur chèche, sortirent, vagues multicolores, montèrent sur des attelages d'où s'échappaient des hennissements et, dès l'aube laiteuse, convergèrent vers le centre, vers le poumon. Vendeurs d'armoise, vendeurs de benjoin, chômeurs, sorcières, magiciens : le peuple en sandales était là, une main tendue vers l'espoir, l'autre vers l'avenir ” écrit –il à la page 17 de cet ouvrage qui en contient 140. Le récit est donc formé autour de “séquences ” lourdes, presque proches de la métaphore et de l'ellipse, décrivant ainsi un peuple miséreux, végétant dans une ville sans attrait. Çà nous rappelle vaguement les anciens films de guerre, sauf que cette fois-ci les bombardements n'existent pas, ni les bruits de bottes d'ailleurs…. On a comme l'impression que Abderrezak Hellal place plutôt son récit dans un espace “temps anciens”. Le titre “ Régence ” confirme, d'ailleurs, ce passé non seulement révolutionnaire, mais de lutte de clans et de pouvoir dans une France ancienne, et une France présente en tant que colon dans la mémoire du narrateur. “Deux jours plus tard, malgré la distance qui séparait La Régence de Paris, le nommé Le Croque-mort s'encadra dans la porte du gouverneur. Il ôta ses gants noirs, les tendit à Si Slimane, puis se courba au point de lécher le marbre. Le vizir serra ses mâchoires, imprima sur ses lèvres une risette de circonstance, un sourire de “ commande ”. Il lui présenta Sher. Nouvelle courbette” note-t-il encore, à la page 63 de ce récit dont les chapitres sont à la fois brefs et concentrés. Cette économie dans le langage serait certainement liée à la formation d'origine de ce cinéaste qui raconte, dans cet ouvrage, les rapports de force entre un peuple miséreux et “ le gouverneur ” glouton.