Les prix du pétrole reculaient nettement, avant-hier, en fin d'échanges européens, perdant plus de deux dollars le baril à Londres comme à New York, plombés par un renchérissement du dollar et par des chiffres décevants de l'emploi aux Etats-Unis pour juin. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, valait 98,37 dollars, en baisse de 2,33 dollars par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 2,54 dollars à 84,68 dollars. Les prix des matières premières, notamment de l'or noir, "ont fortement baissé", avant-hier, du fait de l'effet conjoint "d'un renforcement du dollar et d'inquiétudes sur l'impact de l'affaiblissement des économies chinoise, européennes, et américaine" sur leur demande énergétique, commentait Colin Cieszynski, analyste chez CMC Markets. En effet, les investisseurs fuyaient, avant-hier, les actifs à risque, comme le pétrole et l'euro, pour chercher refuge auprès de valeurs jugées plus sûres comme la devise américaine. Les embauches se sont légèrement accélérées aux Etats-Unis en juin mais moins qu'anticipé par les analystes et elles sont restées trop faibles pour faire baisser le taux de chômage, selon des chiffres publiés, avant-hier. Cette annonce est venue renforcer les inquiétudes des investisseurs sur la vigueur de la croissance mondiale, avivées la veille par des annonces de la Banque centrale européenne (BCE) et de banque centrale chinoise. L'annonce par la Chine d'une nouvelle baisse de taux d'intérêt a surpris les investisseurs : si cette décision est susceptible de soutenir l'économie et de stimuler les achats de matières premières du pays, elle est aussi "de mauvais augure pour les statistiques économiques qui doivent être publiées en Chine la semaine prochaine", notait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix. De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) avait, comme prévu, baissé la veille son taux directeur à 0,75%, son plus bas niveau historique, dans une tentative de doper une économie européenne morose, mais sans annoncer d'autres mesures - comme des rachats de dette publique -, décevant les attentes des investisseurs, ce qui a pesé sur la monnaie unique. Or, le renchérissement du dollar face à un euro affaibli contribuait à rendre moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Les investisseurs continuaient par ailleurs de surveiller la grève dans le secteur pétrolier en Norvège, entamée le 24 juin par quelque 700 employés sur deux champs de la mer du Nord. L'organisation patronale du secteur a annoncé la veille un "lock out", c'est-à-dire une interruption, à partir du 10 juillet de l'activité pétrolière de ses membres en mer du Nord dans une tentative de résolution de cette grève. L'aggravation du conflit avivait les craintes d'une perturbation prolongée de l'offre d'or noir de la Norvège, huitième pays exportateur, susceptible de doper les cours du brut mais "elle renforce aussi la probabilité de voir le gouvernement norvégien intervenir pour mettre un terme" à la grève, estimaient les analystes de Commerzbank. Les cours du pétrole s'affichaient en baisse également en Asie, en raison d'un regain d'inquiétudes sur l'état de l'économie mondiale après les baisses des taux la veille par les banques centrales, européenne et chinoise. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, perdait 37 cents à 86,85 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord échéance août reculait de 69 cents à 100,01 dollars. "Les dernières baisses de taux par les banques centrales d'Europe et de Chine ont renforcé les inquiétudes sur les économies européenne et chinoise", a signalé Victor Shum, du cabinet de consultant sur l'énergie Purvin and Gertz, à Singapour. "Les inquiétudes sur l'économie entraînent des inquiétudes sur la demande en pétrole", a-t-il ajouté.