Les prix du pétrole divergeaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, tiraillés entre un renchérissement du dollar, qui rend moins attractifs les achats de brut, et des craintes sur la production norvégienne auxquelles s'ajoutait un fort recul des stocks américains de brut. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, valait 101,24 dollars, en hausse de 1,47 dollar par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 27 cents à 87,39 dollars. Les cours du baril ont nettement fléchi en début d'échanges américains, plombés par un renchérissement du billet vert, après une baisse du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) qui a également déçu les attentes des investisseurs en n'annonçant pas d'autres mesures de soutien à l'économie, ce qui a mis l'euro sous pression. Ce renforcement du billet vert rendait moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises. Mais les prix se sont ensuite rapidement ressaisi, limitant leurs pertes à New York et progressant nettement à Londres. "Les prix ont été clairement tirés vers le haut par l'annonce surprise de la Banque centrale de Chine", soulignait David Morrison, analyste du courtier GFT Markets. La Chine a annoncé l'abaissement, pour la deuxième fois en un mois, de ses taux d'intérêt de référence, afin de tenter de freiner le ralentissement de la croissance du pays, deuxième consommateur de brut de la planète. "Les opérateurs ont interprété cette décision comme une preuve de la détermination du pays à soutenir son économie, qui devrait par conséquent stimuler la consommation pétrolière chinoise", en dopant notamment les investissements dans les matières premières, notait David Morrison. Le marché a par ailleurs été conforté par le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE). Le DoE a ainsi fait état d'un recul de 4,3 millions de barils des stocks de brut américains sur la semaine achevée le 29 juin, tandis que les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) diminuaient de 1,1 million de barils, des baisses trois fois plus fortes que prévu, ce qui constitue un signal encourageant pour la consommation énergétique du pays. De leur côté, les stocks d'essence, très surveillés lors de la période estivale des grands déplacements en voiture, ont gagné 200 000 barils, mais bien moins que prévu. Par ailleurs, "la solidité du cours du Brent reflète la poursuite de la grève en Norvège", observait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden. La compagnie Statoil a annoncé, avant-hier, se préparer à arrêter sa production pétrolière sur le plateau continental norvégien, lundi 9 juillet à minuit. Cette décision suit l'annonce par l'organisation patronale du secteur d'un "lock out", c'est-à-dire une interruption, de l'activité pétrolière de ses membres en mer du Nord, dans une tentative de résolution d'une grève entamée, le 24 juin dernier, par quelque 700 employés du secteur pétrolier norvégien sur deux champs de la mer du Nord. Ce "lock out" entraînera selon Statoil une perte de production de 1,2 million de barils de brut par jour (mbj), soit 60% de la production d'or noir du pays, huitième exportateur mondial. "L'absence probable de résolution de cette grève à court terme devrait maintenir la pression sur les prix", observait M. Pollard. Les cours du pétrole étaient mitigés, avant-hier matin en Asie, partagés entre les espoirs de baisse des taux par la Banque centrale européenne (BCE) et les craintes d'un mauvais rapport mensuel sur l'emploi américain. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, perdait 77 cents à 86,89 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord échéance août gagnait lui 12 cents à 99,89 dollars.