Arrivé avant-hier à Damas pour sa troisième visite en Syrie deux jours après avoir reconnu l'échec de sa mission, l'émissaire international pour la Syrie Kofi Annan a affirmé avoir tenu, hier, à Damas une réunion franche et constructive avec le président syrien Bachar al-Assad, "J'ai tenu des discussions franches et constructives avec le président Assad", a affirmé M. Annan à la presse dans un hôtel à Damas. Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi avait qualifié quelques instants plus tôt de constructive la réunion entre les deux hommes. La mise en œuvre du plan en six points a été au cœur des discussions qui ont porté également sur la manière d'aller de l'avant, a indiqué M. Makdessi en référence au plan de sortie de crise de l'émissaire resté lettre morte. M. Annan a rencontré par la suite le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, selon le porte-parole. Au cours des deux réunions, on a assuré M. Annan de l'engagement de la Syrie à l'application du plan en six points et espéré que l'autre partie (l'opposition) est tout aussi engagée, a encore ajouté M. Makdessi. Sur le terrain, les violences ont rendu caduc le plan de M. Annan, les troupes gouvernementales ne cessant de bombarder les fiefs rebelles et les combats entre armée et rebelles gagnant en intensité. Assad accuse Washington de soutenir les rebelles Le président syrien Bachar al-Assad accuse les Etats-Unis de soutenir les bandes rebelles dans son pays pour déstabiliser la Syrie, dans une interview à la télévision publique allemande ARD. "Les Etats-Unis sont partie prenante au conflit. Ils offrent une protection et un soutien politique à ces bandes pour déstabiliser la Syrie", affirme Bachar al-Assad. Ce dernier tient donc les Etats-Unis pour responsables des victimes civiles du conflit qui sont le fait, selon lui, de ces bandes. Tant que vous offrez une aide quelconque aux terroristes, vous êtes leur partenaire. Que ce soit par un envoi d'armes, d'argent ou un soutien politique aux Nations unies, affirme le président syrien. En dépit de ces accusations, il ne ferme pas la porte à un dialogue avec les Etats-Unis. "Nous ne fermons la porte à quiconque - pays ou responsable - qui souhaite aider à résoudre les problèmes en Syrie, à condition qu'ils soient sérieux et honnêtes", affirme-t-il. M. Assad estime en outre, que la question de son départ doit être réglée par le peuple syrien. "Un président ne doit pas s'échapper devant les défis et nous faisons face actuellement à un défi national", estime-t-il, ajoutant " mais d'un autre côté, on ne peut rester en fonction que si l'on a le soutien populaire". Interrogé sur les milliers de morts parmi les civils en Syrie, le président répond: "Si vous voulez savoir qui les a tués, vous devez savoir d'abord qui a été tué. Ces victimes dont vous parlez, la majorité d'entre elles sont des partisans du gouvernement". Evoquant le massacre de Houla, il l'attribue à des groupes qui sont venus par centaines d'en dehors de la ville. Pour le président syrien, les rebelles sont un mélange, un amalgame d'Al Qaida, d'autres extrémistes et de hors-la-loi qui échappent à la police depuis des années. C'est un mélange de différentes choses. Assad ne se dit pas opposé au dialogue, qualifié d'option stratégique. Mais tant que vous avez du terrorisme et tant que le dialogue ne fonctionne pas, il faut combattre le terrorisme. On ne peut pas continuer à dialoguer pendant qu'ils "tuent votre peuple et votre armée", déclare-t-il. Abordant le plan de sortie de crise de Kofi Annan, al-Assad a estimé que ce dernier ne devrait pas échouer et fait un travail difficile jusqu'à présent mais un bon travail. "Nous savons qu'il a dû faire face à de nombreux obstacles mais cela ne devrait pas échouer. C'est un très bon plan", ajoute-t-il. Poutine prône une solution politique pacifique Le président russe, Vladimir Poutine, a prôné, hier, une solution politique pacifique en Syrie, rejetant toute ingérence par la force de l'extérieur, dans un discours retransmis à la télévision. "Je suis convaincu que nous devons faire tout notre possible pour contraindre les parties au conflit à parvenir à une solution politique pacifique pour régler tous les différends", a déclaré M. Poutine après avoir réitéré la position de Moscou selon laquelle il ne faut pas reproduire le scénario libyen en Syrie. "Bien sûr, c'est une tâche plus difficile et plus délicate que de procéder à une ingérence par la force de l'extérieur, mais seule une solution pacifique peut assurer un règlement à long terme et une situation stable dans la région", a poursuivi le chef de l'Etat russe qui s'exprimait devant les ambassadeurs russes en poste à l'étranger réunis au siège du ministère des Affaires étrangères.