Que de fois les pouvoirs publics disent avoir enregistré les travaux d'études qui donnent un nord du pays étouffé par rapport au Sud désertifié à la fois par les investissements et par les populations, un désert qui gagne sur le nord, ceci juste pour donner une des caractéristiques de la carte économique du pays. Ce sont autant de remarques dont il est dit qu'elles sont prises en charge cette fois ci dans le programme du gouvernement. Sur quoi se basaient les gouvernants de la décennie 80 pour expliquer que même s'il se produisait une crise économique dans le monde, notre pays en serait épargné ? Il s'en est trouvé même au lendemain de l'actuelle crise financière internationale pour dire que notre pays en sera épargné, preuve est que les attitudes nationales à l'égard de la crise mondiale n'ont pas changé alors que c'est d'un changement de mentalités par rapport au monde dont le pays a besoin. Le pouvoir d'achat n'en est pas des moins importants. Des points noirs de la conjoncture algérienne ? Certainement pas d'une conjoncture, mais d'une tradition depuis la crise financière de 1986 entrée en conjonction avec une baisse drastique des cours du baril de pétrole dans le contexte très durable, où le fonctionnement de l'économie reposait et continue d'ailleurs à reposer absolument sur les dépenses publiques, et donc les ressources en provenance de la vente des hydrocarbures. Qu'auraient les pouvoirs publics à dire sur la nécessité maintes fois répétée de ne plus compter sur les hydrocarbures, mais, également, sur l'économie informelle maintes fois dénoncée par eux-mêmes, et qui est parfois accusée de tous les maux, mais qui enregistre à chaque fois, depuis au moins trois décennies, les déterminations successives à trouver et à mettre en œuvre les traitements adéquats ? Les diagnostics (ou audits) se font et se refont constamment, et font appel aux mêmes thérapies, avec les mêmes approches qu'invariablement reconduisent les mêmes mentalités. Pour les uns c'est l'affaire des " politiques ", pour les autres c'est l'affaire des " économistes ". Il faudrait bien tout de même que de temps à autre, on tente de mesurer le chemin parcouru depuis que s'était imposée la mondialisation et que les pays avaient quitté les rives de l'ancien système du socialisme et du parti unique pour tenter de rejoindre l'autre rive, celle de la concurrence qui se présente sous le signe de l'économie de marché et du pluralisme politique. Elle est révolue et bien révolue l'époque où il n'y avait pas de tensions sur le front social, où les variables de sécurité étaient maîtrisables et même maîtrisées, où les déroulements de carrière étaient garantis au sein de la même entreprise, où les situations politiques étaient stabilisées en termes d'orientations, en termes de personnel politique. A cette époque, sur le plan économique, dans une partie du monde à laquelle notre pays était arrimé, les objectifs étaient centrés sur le plein emploi, taux de chômage zéro, sur la médecine gratuite, l'amélioration des conditions socioéconomiques de vie des populations dans un cadre égalitaire. L'économie était construite autour du secteur public. Elle ne permettait pas la venue des investisseurs privés étrangers. Ces modèles économiques étaient fondés sur les intérêts collectifs. Aujourd'hui, le monde entier s'inscrit dans un seul modèle, celui qui est imposé sous le nom de mondialisation, et qui était né du point d'idées dans le cadre de ce qui était appelé une trilatérale, à savoir la finance, les industries multinationales, et les idéologues libéraux jusqu'au " boutistes". La réflexion avait officieusement commencé en 1973, année où les pays, dits parfois du tiers-monde, parfois des non alignés, parfois du Sud, voulaient imposer un nouvel ordre mondial basé sur des objectifs à la fois économiques et politiques, un ordre mondial qui exclut la misère et les ingérences.