Pratiquement depuis longtemps, les populations croissent d'une façon irréversible et plus vite que les ressources, lesquelles marquent des pauses et de la régression durable. Sur quoi se basait le pouvoir de la décennie 80 pour expliquer que même s'il se produisait une crise économique dans le monde, notre pays en serait épargné ? Il s'en est trouvé même au lendemain de l'actuelle crise financière internationale pour dire que notre pays en sera épargné, preuve étant que les attitudes nationales à l'égard de la crise mondiale n'ont pas changé, alors que c'est d'un changement de mentalités par rapport au monde que le pays a besoin. Les diagnostics (ou audits) se font et se refont constamment, souvent par les mêmes cadres ou les mêmes bureaux d'études mais les mêmes problèmes demeurent, font appel aux mêmes thérapies, avec les mêmes approches qu'invariablement reconduisent les mêmes mentalités. Pour les uns, c'est l'affaire des " politiques ", pour les autres, c'est l'affaire des " économistes ". Les pouvoirs publics souhaitent, quant à eux, n'avoir pas du tout à être interrogés sur ces thèmes. Qu'auraient-ils à répondre sur l'économie informelle maintes fois dénoncée par eux-mêmes, et qui est parfois accusée de tous les maux, mais qui enregistre à chaque fois, depuis au moins deux décennies, les déterminations successives à trouver et à mettre en œuvre les traitements adéquats ? Même constat pour la politique d'emplois, quand bien même il est dit par le gouvernement que furent créés deux millions d'emplois et que seront créés cette fois-ci trois millions d'emplois en cinq ans, soit une moyenne de six cent milles emplois par an, soit encore trois cent milles emplois tous les six mois. Il faudrait bien tout de même que de temps à autre, on tente de mesurer le chemin parcouru depuis que s'était imposée la mondialisation et que les pays avaient quitté les rives de l'ancien système du socialisme et du parti unique pour tenter de rejoindre l'autre rive, celle de la concurrence qui se présente sous le visage de l'économie de marché et du pluralisme politique. Elle est révolue et bien révolue l'époque où il n'y avait pas de tension sur le front social, où les variables de sécurité étaient maîtrisables et même maîtrisées, où les déroulements de carrière étaient garantis au sein de la même entreprise, où les situations politiques étaient stabilisées en termes d'orientations, en termes de personnel politique. Elle est révolue l'époque où pouvaient coexister deux systèmes politiques et économiques qui entraient en concurrence ou plutôt en confrontation militaire par le biais d'Etats tiers et à l'intérieur de ces Etats par le biais des mouvements politico militaires qui imposaient pratiquement des guerres à l'intérieur de leurs sociétés. A cette époque, sur le plan économique, dans une partie du monde à laquelle notre pays était arrimé, les objectifs étaient centrés sur le plein emploi, un taux de chômage zéro, sur la médecine gratuite, sur l'amélioration des conditions socioéconomiques de vie des populations dans un cadre égalitaire. L'économie était construite autour du secteur public. Elle ne permettait pas la venue des investisseurs privés étrangers. Ces modèles économiques étaient fondés sur les intérêts collectifs. Aujourd'hui, le monde entier s'inscrit dans un seul modèle, celui qui est imposé sous le nom de mondialisation, et qui était né du point de vue idées dans le cadre de ce qui était appelé une trilatérale, à savoir la finance, les industries multinationales, et les idéologues libéraux "jusqu'au boutistes". La réflexion avait officieusement commencé en 1973, année où les pays dits parfois du Tiers monde, parfois des non alignés, parfois du Sud, voulaient imposer un nouvel ordre mondial basé sur des objectifs à la fois économiques et politiques, un ordre mondial qui évacue la misère et les ingérences. N. B.