Le congrès des islamistes au pouvoir en Tunisie s'est achevé, avant-hier, par la réélection du chef historique Rached Ghannouchi et l'adoption de leur programme politique. Présenté comme "modéré", le texte prévoit néanmoins de prôner "la criminalisation de l'atteinte au sacré". Lisant la déclaration finale, le président du Congrès et ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a déclaré que les délégués avaient adopté dans une motion et donc dans leur programme politique la nécessité de "criminaliser l'atteinte au sacré". Il n'a pas donné plus de précisions à ce sujet. Les textes des motions adoptées par Ennahda n'ont pas été publiés dans l'immédiat. L'atteinte au sacré est un sujet sensible en Tunisie, en particulier depuis juin. Une vague de violences déclenchée par la mouvance salafiste dénonçait une exposition d'art à La Marsa (banlieue nord de Tunis) dont certaines œuvres ont été jugées offensantes pour l'islam. Ces troubles, les plus graves depuis la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, avaient entraîné un couvre-feu dans plusieurs régions. Ennahda a par ailleurs adopté pour principe d'"établir un Etat civil inspiré par les valeurs musulmanes et les acquis humains" et à "soutenir la société civile, à développer ses capacités et son rôle". Sans surprise, le millier de délégués réunis depuis cinq jours au Kram (banlieue nord de Tunis) ont réélu triomphalement (72,58%) leur chef historique, Rached Ghannouchi, à la tête du parti Ennahda. M. Ghannouchi, 71 ans dont vingt passés en exil à Londres, a répété, après sa réélection, son engagement envers la construction d'un consensus national fondé sur la modération, message qu'il martelait depuis l'ouverture du congrès jeudi. L'assemblée doit aboutir à un projet de Constitution à l'automne en vue d'élections générales en mars. Les islamistes, forts d'une victoire au scrutin d'octobre, le premier après la révolution de 2011, y sont le principal parti mais ne disposent pas d'une majorité pour imposer leurs vues.