Dans une interview accordée au Bulletin du FMI, (le magazine en ligne du FMI), M. Pradhan Mohmood, directeur adjoint du Département Europe du FMI et chef de mission pour la zone euro, examine l'évolution économique récente dans la région, les perspectives et les mesures qui sont nécessaires pour mettre fin à l'escalade des risques. Il examine aussi les mesures qui seraient nécessaires à prendre pour rehausser le potentiel de croissance de la zone euro. La crise dans la zone euro a atteint un stade critique. Il entend à ce sujet, la manifestation d'indices de tensions très vives sur un certain nombre de marchés financiers. Expliquant que les primes de risques ont atteint récemment un record pour la zone euro dans certains pays, en particulier en Espagne et en Italie. Cela vaut pour les Etats, ainsi que pour les entreprises et les ménages qui empruntent, souligne-t-il encore. " Cela signifie que le cercle vicieux entre les Etats, les banques et l'économie réelle est plus solide que jamais. En conséquence, les marchés financiers sont de plus en plus fragmentés. En d'autres termes, les coûts d'emprunt sont très élevés pour certains pays, mais au plus bas pour d'autres, parce que les capitaux se déplacent des pays périphériques du sud de la zone vers des pays sûrs en Europe du Nord. Cela ne cadre pas avec une union économique qui fonctionne bien. Le mécanisme de transmission monétaire est défaillant. La politique monétaire commune ne fonctionne pas comme prévu ". Concernant les décisions prises récemment par les dirigeants de la zone euro sur une stratégie de croissance, M. Pradhan estime que pour les dirigeants de la zone euro, la croissance et la stabilité financière sont les deux grands enjeux d'aujourd'hui. " Les pays touchés par la crise ont grand besoin de croissance pour se sortir du piège de leur dette. Mais qui dit croissance dit soutien de la demande, alors même que les budgets sont en train d'être rééquilibrés. Ce soutien doit venir de la politique monétaire commune et de la politique budgétaire dans les autres pays ". Pour lui, la politique budgétaire aussi peut soutenir la demande. " Il est vrai que l'ajustement budgétaire est inévitable dans beaucoup de pays qui sont confrontés à un déficit et à une dette élevée. Mais dans les pays qui sont en difficulté, le rythme de l'ajustement budgétaire est à juste titre plus graduel. En outre, le pacte de croissance qui vient d'être annoncé devrait stimuler la croissance en conduisant à une augmentation de l'investissement dans les infrastructures dans la zone euro ". Il ajoute que les pays actuellement soumis aux pressions du marché doivent accorder la priorité à la réduction des déficits pour rétablir la solidité des finances publiques. " Cela aidera à rétablir la confiance, notamment chez les investisseurs, et leur permettre emprunter à des taux raisonnables. Ils doivent aussi accroître la transparence de leur système bancaire afin de mesurer l'ampleur des tensions. Il s'agit de procéder à l'évaluation indépendante des besoins de recapitalisation des banques ". Dans cette optique, il évoque le vaste effort en cours en Espagne, où " les auditeurs externes "évalueront l'ampleur des problèmes du système bancaire espagnol. " Ce type d'évaluation contribue à rehausser la crédibilité vis-à-vis des marchés tout en appuyant les efforts consentis par l'Europe pour déterminer le volume d'assistance nécessaire à la recapitalisation du système bancaire ". Faut-il remarquer. Par contre, il avertit qu'il est essentiel que ces mesures soient étayées par les efforts collectifs de la zone euro, notamment une politique monétaire favorable et le pare-feu européen, le " mécanisme européen de stabilité ". Il se dit aussi que, le FMI est satisfait par le fait que le programme de recapitalisation espagnol sera appuyé par les ressources financières communes de la zone euro. Il note en même temps que les pays périphériques de la zone euro doivent également améliorer à la longue leurs perspectives de croissance. " Ils auront inévitablement besoin de mener des réformes structurelles, des marchés du travail et des produits en particulier pour renouer avec la compétitivité ", montre-t-il. Les réformes structurelles nécessaires pour améliorer la compétitivité et la croissance sont pour le directeur adjoint du Département Europe au FMI sont un ensemble nécessaires à toutes les économies de la zone euro. " Le souci d'améliorer les perspectives de croissance n'est pas l'apanage des économies d'Europe méridionale, même si leurs problèmes de compétitivité sont plus graves. Ainsi, quand nous parlons des réformes visant à accroître la compétitivité et à résoudre les problèmes de la croissance à long terme, nous pensons, à toutes les économies de la zone euro ". Dans ce sillage, il explique que la réforme du marché du travail est nécessaire pour réduire les coûts de la main d'œuvre, doper la productivité et accroître la participation dans les économies du Sud. " Pour promouvoir la compétitivité, il faut abaisser les coûts et mettre en œuvre des réformes afin de faciliter l'accès aux marchés pour les entreprises ", oriente-t-il. Il élargi son orientation en mettant l'accent à investir davantage dans les infrastructures et le capital humain pour étayer la croissance et l'emploi. En stimulant la croissance à long terme, " on améliore la dynamique de la dette dans ces économies. De façon plus générale, les réformes structurelles améliorent la résistance des économes méridionales. Dans les pays nordiques, la réforme du secteur des services est particulièrement importante pour accroître la productivité ", conclut M. Pradhan Mahmood directeur adjoint du Département Europe du FMI et chef de mission pour la zone euro.