Le FMI a dressé jeudi un tableau sombre sur la situation dans la zone euro, affirmant qu'en dépit des mesures prises, certaines banques de la zone euro et des dettes souveraines restent en proie à de graves difficultés, "suscitant des questions quant à la viabilité de l'union monétaire elle-même". Ce sont les observations préliminaires faites par une équipe du FMI qui a rencontré récemment la Banque centrale européenne (BCE), la Commission européenne, la présidence de l'Union européenne et l'Autorité bancaire européenne pour l'évaluation annuelle de la zone euro au titre de l'article IV des Statuts du FMI. Dans sa déclaration, la mission du FMI a préconisé de passer, de manière déterminée et énergique, à une Union monétaire européenne (UME) plus complète, en particulier une union bancaire et une intégration budgétaire plus poussée, pour mettre fin à la baisse de confiance dans toute la région. Pour cela, le FMI recommande d'appuyer ces mesures par des réformes structurelles de grande envergure dans l'ensemble de la zone euro afin d'accélérer la croissance. Abordant l'environnement financier et économique de cette zone, le Fonds relève une détérioration de la situation puisque les investisseurs ne financent plus les pays membres qui en ont le plus besoin et préfèrent déplacer leurs capitaux vers des valeurs refuges alors que les primes de risques atteignent de nouveaux records. La demande s'affaiblit et le chômage augmente dans l'ensemble de la zone euro, note le FMI qui affirme que le ralentissement de la croissance et l'augmentation des tensions sur les marchés rendent d'autant plus difficile la réduction de la charge de la dette. En outre, le risque de stagnation et d'effets nocifs à long terme sur la croissance potentielle va augmenter avec des chômeurs qui perdent leurs qualifications et des nouveaux travailleurs qui ont du mal à intégrer la population active. Même si des mesures importantes ont été prises par les pays de la zone euro, l'institution de Bretton Woods considère que la crise exige aujourd'hui un effort plus vigoureux et plus collectif. Les interactions négatives entre les Etats, les banques et l'économie réelle sont plus sérieuses que jamais, affirme la mission du FMI. Pire encore, poursuit-elle, les Etats ont du mal à soutenir eux-mêmes les banques en difficulté. Les effets de contagion d'une nouvelle aggravation de la crise, dont les grosses difficultés sur les marchés du crédit et les tensions pesant sur des banques importantes pour l'ensemble du système, seraient considérables à l'échelle mondiale, prévient le FMI. Dans ce sens, il recommande aussi à établir une union monétaire robuste et complète qui contribuerait à rétablir la foi dans la viabilité de l'UME. Dans l'immédiat, selon cette institution financière internationale, la priorité est d'adopter des mesures concrètes qui conduiront à l'établissement d'une union bancaire dans la zone euro et à la mise en place d'une instance commune de règlement des faillites bancaires. Par ailleurs, le FMI juge qu'il faut aussi s'efforcer de rehausser la compétitivité, en particulier au sein de la zone euro. Selon les évaluations, ajoute-t-il, l'euro correspond plus ou moins aux paramètres économiques fondamentaux, mais des écarts de compétitivité considérables subsistent entre les pays.