Un double attentat au camion et à la voiture piégés a fait au moins 80 morts et 136 blessés sur un marché de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, rapporte la police, selon laquelle ce bilan pourrait s'alourdir. Au sud de Bagdad, où cinq soldats irakiens ont été tués par une bombe, 8.000 militaires américains ont lancé une nouvelle opération contre les activistes d'Al Qaïda. A Kirkouk, des corps ont été projetés sur toute l'étendue du marché, plusieurs dizaines de véhicules ont pris feu et les passagers d'un autobus, pris au piège, ont été brûlés vifs, selon un cameraman de Reuters. L'attentat suicide au camion piégé a été commis non loin d'un bureau de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), parti du président irakien Djalal Talabani. La voiture piégée a été mise à feu quelques minutes plus tard, dans le quartier commerçant d'Iskan, près d'un dépôt d'autobus. Cinq soldats irakiens ont par ailleurs été tués par l'explosion d'une bombe au passage de leur véhicule à Boubal-Chama, quartier industriel et commerçant du nord-est de Bagdad, et des tirs de mortier ont fait deux morts dans celui d'Abouchir, enclave chiite du sud de la capitale. Baptisée "Marne Avalanche", l'offensive entamée lundi dans une région agricole proche de Bagdad vise à enrayer l'afflux d'armes et de combattants islamistes dans la partie sud de la capitale, où les forces américaines et irakiennes ont le plus grand mal à les repousser, a fait savoir l'US Army. Des troupes aéroportées se sont déployées avant l'aube dans une zone considérée comme un repaire d'Al Qaïda aux abords de la vallée de l'Euphrate, à 35 km au sud de Bagdad. Ce secteur, sillonné de canaux, a été précédemment le théâtre de combats intenses entre forces américaines et activistes. Un raid aérien au moins a été effectué dans les premières heures de l'opération, a déclaré un porte-parole militaire. Des dizaines de milliers de soldats américains et irakiens sont engagés dans des opérations de sécurité à Bagdad et dans ses environs afin de réduire les violences interconfessionnelles qui poussent l'Irak vers une guerre civile généralisée. Aux Etats-Unis, la stratégie de George Bush, qui a ordonné l'envoi de 28.000 hommes supplémentaires arrivés le mois dernier, est de plus en plus contestée jusque dans les rangs du parti Républicain, dont il est issu. Malgré la menace du veto présidentiel, la majorité démocrate de la Chambre des Représentants a adopté jeudi un projet de loi ordonnant le retrait du corps expéditionnaire américain d'ici au 1er avril 2008. Bush a invité les parlementaires à la patience, excluant tout changement de stratégie avant la publication en septembre d'un rapport sur la situation irakienne.