Kofi Annan a dénoncé, avant-hier, lors de l'annonce de sa démission du poste de médiateur de l'ONU pour la Syrie le manque d'unanimité au Conseil de sécurité de l'ONU, estimant par ailleurs que le président Bachar al-Assad doit tôt ou tard partir. J'ai fait de mon mieux, a déclaré M. Annan lors d'une conférence de presse à Genève. La gravité des coûts humanitaires du conflit, et les menaces exceptionnelles posées par cette crise à la paix et la sécurité internationales, ont justifié les tentatives pour atteindre une transition pacifique vers un règlement politique, a-t-il dit. Mais la militarisation croissante sur le terrain et le manque évident d'unité au sein du Conseil de sécurité, ont fondamentalement changé les circonstances pour l'exercice effectif de mon rôle, a affirmé l'ancien chef de l'ONU. Expliquant son choix, M. Annan a par ailleurs déploré ne pas avoir reçu tous les soutiens que la cause méritait et évoqué des divisions au sein de la communauté internationale, en particulier au Conseil de sécurité de l'ONU. Tout cela a compliqué mes devoirs, a-t-il affirmé. Il a ainsi critiqué le fait que le Conseil de sécurité de l'ONU n'ait pas immédiatement endossé les conclusions de la réunion de Genève du 30 juin dernier lors de laquelle les Etats membres du groupe d'action sur la Syrie s'étaient mis d'accord sur les principes d'un processus de transition politique dirigé par les Syriens. Or, a-t-il relevé, une transition politique signifie que Assad doit tôt ou tard partir. Quelques minutes avant la conférence de presse de M. Annan, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait annoncé dans un communiqué la démission de l'envoyé spécial. M. Annan a informé l'ONU et la Ligue arabe de son intention de ne pas renouveler son mandat quand il expirera le 31 août 2012, indique le texte. M. Annan avait été nommé le 23 février dernier mais son plan de paix en six points pour régler le conflit en Syrie, prévoyant une cessation des combats entre gouvernement et opposition armée et une transition politique, n'a jamais pu être appliqué. Le pouvoir dit regretter cette démission Les autorités syriennes ont annoncé qu'elles regrettaient la démission de Kofi Annan de son poste de médiateur international dans le conflit en Syrie. Dans un communiqué, les Affaires étrangères ont exprimé leurs regrets après cette démission et accusé les Etats qui cherchent à déstabiliser la Syrie d'avoir entravé la mission de M. Annan, en allusion à l'Occident, à la Turquie et aux pays du Golfe critiques du régime de Bachar al-Assad. Damas est engagé à la lutte contre le terrorisme dans le but de rétablir la sécurité et la stabilité et de protéger les citoyens, poursuit le ministère. La Syrie continue de croire que le seul moyen de sortir de la crise est le dialogue national et la réconciliation, sans aucune intervention étrangère. Le départ d'Annan met en relief les blocages chinois et russe Les Etats-Unis ont accusé la Chine et la Russie d'être responsables de la démission de Kofi Annan de son poste de médiateur pour la Syrie en raison du blocage systématique qu'ils ont opposé aux projets de résolution pour sortir de la crise au Conseil de sécurité de l'ONU. Le porte-parole de Barack Obama, Jay Carney, a souligné à bord de l'avion Air Force One que le départ d'Annan mettait également en lumière le refus du président syrien Bachar al-Assad de faire cesser les massacres dans son pays. La démission d'Annan met en relief l'échec de la Russie et de la Chine pour soutenir des résolutions significatives au Conseil de sécurité contre Assad, qui auraient rendu Assad responsable, a déclaré Jay Carney. Celui-ci a ajouté que Barack Obama avait apprécié la volonté de l'ancien secrétaire général de l'ONU de servir d'envoyé spécial en Syrie, et ses efforts pour tenter de sortir de la crise. La Russie et la Chine ont bloqué trois résolutions au Conseil de sécurité qui prévoyaient des sanctions contre la Syrie. Poutine qualifie la démission de très regrettable Le président russe Vladimir Poutine a qualifié, avant-hier, la démission de Kofi Annan en tant que médiateur pour la paix en Syrie de très regrettable, estimant qu'elle ne devrait pas décourager les efforts de trouver une solution diplomatique au conflit dans ce pays. Kofi Annan est un homme de grand mérite, un diplomate brillant et un très honnête homme, c'est donc très regrettable qu'il ait démissionné, a déclaré M. Poutine, cité par les médias russes, avant une brève visite à Londres à l'occasion des jeux Olympiques. Mais j'espère que les efforts de la communauté internationale continueront à se concentrer sur la manière de mettre fin à la violence, a-t-il ajouté. L'UE appelle à la nomination rapide d'un nouveau médiateur Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Mme Catherine Ashton, a appelé à la désignation urgente par l'ONU et la Ligue arabe d'un successeur à Kofi Annan après sa démission en tant que médiateur pour la paix en Syrie. Exprimant ses profonds regrets dans un communiqué, Mme Ashton a déclaré que l'UE appelait à une nomination rapide d'un successeur pour poursuivre la mission de M. Annan en vue d'une transition politique pacifique en Syrie. La bataille d'Alep s'intensifie Les insurgés ont lancé une offensive à Alep, la plus grande ville du pays avec trois millions d'habitants, il y a deux semaines. Ils se sont emparés de plusieurs quartiers, essentiellement des quartiers modestes en périphérie, et résistent aux assauts terrestres et aériens des troupes gouvernementales. Des habitants avaient signalé qu'Internet et les téléphones portables fonctionnaient à peine depuis la veille au soir, laissant craindre une grande offensive gouvernementale sur Alep. Mais dans la journée, la ville a été le théâtre des combats habituels autour du bastion rebelle de Saladin et de bombardements. Les communications remarchaient mieux en fin d'après-midi. A Damas, le régime alaouite a annoncé avoir mené la veille au soir une série de raids contre l'insurrection dans des quartiers situés à la périphérie sud de la capitale, arrêtant ou tuant un "certain nombre de terroristes", le terme utilisé par le gouvernement pour désigner les insurgés. Washington débloque 25 millions pour aider les rebelles Le département d'Etat américain a annoncé mercredi dernier, avoir mis 25 millions de dollars (24,4 millions de francs) à disposition des rebelles syriens. Cette assistance se limite à du matériel non létal, comme des équipements de communication. L'administration Obama avait prévu au départ 15 millions de dollars pour aider l'opposition syrienne, mais elle a ajouté 10 millions, a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Patrick Ventrell. Un responsable américain a précisé mercredi que l'aide non létale consistait principalement en équipements de communication, et notamment en radios cryptées. Divergences persistantes entre Londres et Moscou sur la Syrie Le Premier ministre britannique David Cameron a fait état, avant-hier, de "divergences" persistantes entre la Grande-Bretagne et la Russie sur le dossier syrien, malgré un objectif commun. Il s'exprimait à l'issue d'un entretien à Londres avec le président Vladimir Poutine. "Nous voulons tous deux l'arrêt du conflit et une Syrie stable, et nous évoquerons avec nos ministres des Affaires étrangères respectifs comment faire avancer tout cela", a déclaré à la presse le Premier ministre britannique. De son côté, le chef de l'Etat russe a confirmé que Moscou et Londres partageaient certains points de vue à propos de la Syrie. "Nous prenons note du fait qu'il existe des domaines où nous voyons la situation du même œil, et nous avons convenu de continuer à œuvrer pour parvenir à une solution viable", a-t-il dit. Trois millions de Syriens ont un besoin urgent de nourriture et d'aide Trois millions de Syriens ont un besoin urgent de nourriture et d'aide pour les cultures de céréales et le bétail, a annoncé avant-hier, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui se fonde sur une étude réalisée par l'ONU et le régime syrien. Sur ces trois millions de personnes, la moitié nécessite une aide alimentaire immédiate et urgente au cours des trois à six prochains mois, notamment dans les zones qui sont le théâtre d'âpres conflits et de déplacements de population. Près d'un million de personnes ont besoin d'assistance pour les cultures, le fourrage, les combustibles et la réparation des pompes d'irrigation.