L'Agence internationale de l'Energie (AIE) a nettement abaissé, avant-hier, ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2012 et 2013 à cause d'une croissance économique "molle", de prix élevés du baril et de la réduction des besoins en or noir de la Chine et des Etats-Unis. "La croissance économique molle pourrait restreindre la progression de la demande de pétrole à 0,9 million de barils par jour (Mb/j) en 2012 et 0,8 Mb/j en 2013", soit 0,3 Mb/j et 0,4 Mb/j de moins que la précédente prévision", estime le bras énergétique des pays développés dans son rapport mensuel. Cette croissance faible s'explique "par la combinaison de prix toujours élevés et d'un contexte économique médiocre", souligne l'organisation internationale, basée à Paris. Selon les nouvelles prévisions de l'AIE, la demande totale de brut dans le monde serait de 89,6 millions de barils par jour en 2012 et 90,5 millions en 2013, la hausse de la demande étant principalement portée par les pays émergents. Signe de ce ralentissement, la demande pétrolière en juin des deux principaux consommateurs mondiaux, les Etats-Unis et la Chine, a été revue en baisse de près de 100 000 b/j pour les premiers et de 600 000 b/j pour le second. Cette baisse pour les deux géants (qui représentent à eux deux un tiers de la demande d'or noir mondiale) contribue "à étouffer davantage la prévision de demande", souligne l'AIE. Cette dégradation par l'AIE des perspectives des besoins pétroliers mondiaux s'accompagne d'une révision à la baisse de son estimation de la croissance de l'économie mondiale en 2013, à 3,6% (contre 3,8% jusqu'à présent), la prévision d'une progression de 3,3% cette année restant elle inchangée. C'est la quatrième fois depuis le début de l'année que l'AIE, l'organe énergétique de l'OCDE, révise à la baisse ses prévisions de demande d'or noir après janvier, février et juin. La prévision n'a été améliorée qu'une fois, en mai. La veille, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait elle légèrement relevé sa prévision de demande mondiale de brut pour 2012, l'estimant soutenue entre autres par la canicule dans certaines régions comme aux Etats-Unis. Mais l'Opep avait souligné que l'horizon pour 2013 restait "rempli de turbulences". Du côté de l'offre, la production a augmenté de 300 000 barils par jour en juillet par rapport à juin, à 90,7 Mb/j, a déclaré l'AIE, avant-hier. Sur un an, la production est en nette hausse, de 2,6 Mb/j, tirée par le niveau soutenu de l'Irak et des pays de l'Opep, notamment l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Qatar. La production actuelle de l'Opep, qui a néanmoins légèrement reculé depuis mai (-1,7%), est toujours presque 10% au-dessus de ses niveaux de 2009-2010. En revanche, la production iranienne a continué à chuter à ses plus bas niveaux depuis la fin des années 80 sous le plein effet des embargos européen et américain sur son or noir. Selon l'AIE, elle est passée en juillet sous la barre des 3 millions de barils quotidiens, à 2,9 Mb/j, reléguant l'Iran derrière l'Irak. Avec l'entrée en vigueur complète des embargos de plusieurs pays le 1er juillet, les exportations iraniennes auraient elles plongé à 1 Mb/j, contre 1,7 Mb/j en juin. La production iranienne au plus bas depuis 30 ans La production de pétrole iranienne, au plus bas depuis la fin des années 80, a plongé sous les trois millions de barils par jour en juillet sous l'effet des embargos européen et américain, selon des chiffres publiés, avant-hier, par l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). Le mois dernier, la production iranienne de brut a reculé à 2,9 millions de barils par jour (mbj), contre 3,0 millions en juin et 3,2 millions en mai, indique l'AIE dans son rapport mensuel. La production iranienne est également passée sous celle de son voisin irakien, là aussi pour la première fois depuis la fin des années 80, relève l'organisation énergétique des pays développés. Juillet est le premier mois complet où les sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne visant les ventes de pétrole iranien se sont combinées, l'embargo étant entré entièrement en vigueur le 1er juillet, souligne l'AIE. Les exportations ont également lourdement chuté en juillet, selon l'AIE, à 1,0 million de barils/jour, contre 1,7 mbj en juin. L'AIE souligne néanmoins que ces données sur les exportations sont encore très provisoires. Pour écouler sa production, Téhéran se démène, en essayant de placer ses cargaisons en Asie ou en débloquant des milliards de dollars pour assurer ses pétroliers exportant l'or noir. La production pétrolière iranienne, qui culminait au-delà des 5 millions de barils par jour avant la révolution islamique iranienne de 1979, avait ensuite plongé jusqu'à 1,5 mbj au début des années 80, selon les données du département américain de l'Energie (EIA). Affectée ensuite par la guerre avec l'Irak, elle était restée à peine au-dessus de 2 mbj avant de remonter significativement aux environs des 4 millions de barils par jour depuis le début des années 90, selon l'EIA. L'Agence internationale de l'Energie rappelle vendredi que la production iranienne moyenne était de 3,6 millions de barils par jour en 2011, soit 700 000 barils de plus qu'actuellement.