Au moment même où la Grande-Bretagne et la France laissent entendre l'envoi de navires porte-avions au large du Sahel syrien, au moment de la plus forte crise dans ce pays, la réunion des diplomates arabes qui devait s'ouvrir dimanche à Djedda (Arabie saoudite) a été reportée à une date ultérieure sans autres indications de la Ligue des Etats arabes. Cette rencontre, concoctée par le Qatar et l'Arabie saoudite, devait se pencher sur la suite politique à donner à la démission de l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue, Koffi Anan, prouve une fois de plus la difficile convergence des Arabes sur la question syrienne. Certes les vastes rencontres sur cette question sont utiles, mais les acteurs de la scène s'avèrent incapables et impuissants à trouver l'issue honorable des protagonistes à Damas. Ils refusent d'analyser les vraies raisons qui ont poussé à la déstabilisation du régime du président Bachar Al-Assad et des méfaits des capitales étrangères (Paris-Londres, Washington etc.) et qui œuvrent depuis longtemps à faire taire ce régime opposé à leurs intérêts dans la région, et mettent en parallèle dans leur collimateur Téhéran, soutien inconditionnel à Damas. La déstabilisation du régime du président Al Assad vient d'être confirmée par le SG du parti du Travail Communiste en Russie, qui affirme que les services de renseignements américains et turcs jouent un grand rôle pour attiser le conflit en Syrie. " Il est devenu clair pour tous le rôle des pays occidentaux dans l'augmentation du financement aux groupes terroristes qui commettent des actes d'assassinat et de violence en Syrie ", estime-t-il. Il a également indiqué que l'opposition syrienne se soumettait aux pays occidentaux et exécute leurs " ordres sans s'intéresser du sort du peuple syrien comme elle prétendait ". Il suffit de passer en revue tout ce qui se passe dans le monde arabe avec la complicité d'Etats et de monarchies de la même région pour être convaincu que la position de la Ligue est des plus ambiguë. Elle n'est que succession de contradictions, d'échecs et de tragédies dangereuses. Les dernières en date sont les événements douloureux vécus par la Libye avec l'aval de la Ligue qui a donné feu vert à l'intervention de l'Otan dans ce pays. Tout cela sous le prétexte d'injecter la démocratie, mais quelle démocratie, celle imposée par les grandes puissances. Le langage et la position sur une paix pacifique et le retour à la normale en Syrie qu'utilisent, à l'image de l'Algérie, peu d'Etats arabes sont confrontés à chaque fois à de nouveaux obstacles ou échappatoires dressés par les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar. Cet état de choses n'est dans l'intérêt ni de la nation arabe, ni de sa sécurité, non seulement dans la région, mais ailleurs. Le besoin est impératif au sein de la société arabe d'établir la stabilité, la justice et l'équité sans lesquelles cette communauté connaîtra une phase difficile. Il faut que les Américains et occidentaux réalisent sur le plan de la sécurité, de la paix et de l'économie mondiale, l'importance de la stabilité du monde arabe. Mais aussi que la Ligue arabe cesse de jouer avec les sentiments des peuples. Personne n'est dupe dans la société civile arabe pour savoir que tout ce remue-ménage orchestré avec le soutien des pays du Golfe a pour but la consolidation de l'engagement à l'égard de la sécurité de l'Etat hébreu. Un engagement qui est en train de déborder au point de constituer une menace grave pour l'ensemble des Etats arabes qui n'ont pas de représentations diplomatiques à Tel Aviv. C'est là l'objectif que cherchent à atteindre Américains et Européens.