La Syrie au cœur des discussions des chefs d'Etat et représentants des pays de la Ligue arabe qui se sont retrouvés à Bagdad. Trop tard, car la crise s'est internationalisée et le président Bachar al-Assad a averti ses pairs que leur conciliabules ne serviront à rien. Le bourreau de Damas, exclu temporairement de la Ligue arabe, a dit tout le bien d'un syndicat de chefs d'Etat qu'il a accusé de s'être jeté dans les bras de l'Occident en se soumettant pleinement à ses sous-traitants dans la région, l'Arabie Saoudite et le Qatar. Alors que la Ligue arabe pérorait dans une capitale en totale déliquescence pour troubles ethniques insolubles, le régime syrien a intensifié ses opérations de représailles contre ses insurgés. D'ailleurs, le scoop a plus été la tenue du sommet dans Bagdad où la sécurité, déjà exceptionnelle, a été renforcée et la présence de l'émir du Koweït, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, plus de vingt ans après l'invasion de son pays par les troupes de Saddam Hussein, que l'examen de la crise syrienne. En somme, la Ligue arabe a marqué le retour de l'Irak dans son giron même si plusieurs pays, dont l'Arabie Saoudite, poids lourd régional, n'étaient pas représentés par leurs dirigeants. Abdelaziz Bouteflika a, lui aussi, fait l'impasse en y dépêchant le président du Conseil de la Nation. Consensuels comme à leur habitude, les chefs arabes se sont accordés sur une résolution qui ne mentionne pas deux sujets litigieux : le départ du président syrien Bachar el-Assad et l'armement des rebelles syriens. La solution à cette crise (syrienne) reste entre les mains des Syriens, gouvernement comme opposition, s'était contenté de conclure le SG de la Ligue, Nabil Elarabi, à la dizaine de chefs d'Etat présents à Bagdad. Ces deniers ont mis leur pair syrien au défi de mettre en ouvre le plan de paix de Kofi Annan, qu'il a accepté dans son principe, alors que les violences continuent sans relâche dans le pays. La Ligue arabe ne pouvait de toutes les façons pas plus, la crise syrienne étant internationalisée depuis belle lurette. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton dans la région depuis jeudi pour une tournée au Proche-Orient et en Turquie, fit savoir que son pays va se départir de sa politique de non-intervention. À Riyad, ses entretiens vendredi et aujourd'hui avec ses homologues des pays du Golfe ont tourné autour du plan de paix de l'émissaire des Nations unies et accessoirement de la Ligue arabe, Kofi Annan. Dimanche à Istanbul, elle profitera de la deuxième réunion des “Amis de la Syrie” pour exhorter l'opposition syrienne, fragmentée, à s'unir face au régime Assad. La Syrie a fait savoir qu'elle acceptait le plan Annan, qui prévoit notamment le retrait des forces de sécurité des villes insurgées et un cessez-le-feu immédiat, sans exiger le départ du chef de l'Etat. Mais les attaques et bombardements continuent sur le terrain. La réunion “des Amis de la Syrie”, la seconde du genre après celle tenu à Tunis, permettra de voir si le président syrien applique réellement ou non le plan Annan. Pour les Occidentaux, le régime syrien sera dorénavant jugé sur les actes et non sur les paroles et cette fois, l'étau autour de son intransigeance s'est nettement resserré. D. B