Le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a payé pendant deux ans 65 millions de dollars aux forces armées et à la police nigériane, souvent accusées de violation des droits de l'Homme, pour sécuriser ses installations pétrolières, a affirmé cette semaine l'ONG Platform basée à Londres. Citant des documents de la compagnie pétrolière, Platform indique que Shell a dépensé au total 383 millions de dollars (310 millions d'euros) pour l'ensemble de sa sécurité au Nigeria entre 2007 et 2009, période pendant laquelle l'activisme battait son plein dans la région pétrolifère du delta du Niger. Ces sommes ont partiellement servi à payer les 1 200 hommes embauchés par la compagnie pour sa sécurité ainsi que les 1300 militaires ou policiers chargés de la protection des installations, poursuit l'ONG. Interrogé, un porte-parole de Shell Nigeria s'est refusé à commenter les chiffres de Platform, soulignant seulement que la protection des personnels de la compagnie et de ses installations constituait une haute priorité pour Shell. Le chercheur de Platform au Nigeria Ben Amunwa a déclaré que les documents auxquels se réfère l'ONG lui avaient été fournis par une source qui connaît bien le budget alloué à la sécurité de Shell. Dans un communiqué transmis, Shell Nigeria affirme, en réponse aux accusations de Platform, qu'il est exigé de tous nos personnels et sous-traitants d'appliquer une éthique de haut niveau. Nous avons toujours reconnu la difficulté qu'il y a à travailler dans des pays tels que le Nigeria. Au cours de la période à laquelle se réfère le rapport (de Platform), l'activisme armé dans le delta du Niger était à son apogée, exigeant un niveau relativement haut de dépense pour la sécurité, a ajouté le porte-parole de Shell.