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Un delta pris en otage
Attaques rebelles contre l'industrie pétrolière au Nigeria
Publié dans El Watan le 25 - 06 - 2007

Des hommes en armes, montés sur des bateaux dotés de moteurs hors-bord surpuissants, s'approchent d'une barge, s'emparent du personnel qui leur tombe sous la main et prennent immédiatement la fuite, raconte Adèle Noirat, journaliste au magazine Afrique Asie.
Les opérations sont menées avec rapidité et précision selon un scénario toujours identique. » En six mois, plus de 60 expatriés travaillant pour l'industrie pétrolière ont été pris en otage dans le delta du Niger, au Nigeria. Autant que pendant l'année 2006. Jeudi dernier, l'armée nigériane a annoncé avoir libéré10 des 27 otages, 16 employés locaux et 11 soldats, retenus depuis dimanche sur une installation pétrolière dans l'Etat de Bayelsa, un des quatre Etats du delta. Pauvreté, criminalité et corruption : il y a des années qu'une ambiance délétère règne dans le sud du pays mais depuis l'an dernier, les troubles (attaques contre des installations pétrolières, siphonnages sauvages des pipelines par des groupes séparatistes) se sont accentués et ont fait perdre au Nigeria, sixième exportateur mondial d'or noir, un quart de sa production quotidienne, soit environ 4,4 milliards de dollars. Et cette instabilité se répercute, sur le cours mondial du pétrole. Dans un scénario catastrophe, certains observateurs ont même envisagé d'ici un à deux ans, l'arrêt de l'industrie pétrolière du delta.
Qu'est-ce que le delta du Niger ?
Au sud-est du Nigeria, le delta du Niger est une des zones humides les plus vastes du monde et abrite la forêt de mangroves la plus étendue d'Afrique. Cette région procure de nombreuses richesses naturelles pour les activités agricoles et piscicoles et, depuis quarante ans, d'immenses réserves de pétrole. C'est de là que le Nigeria tire 90% de sa production nationale, soit 95% des recettes d'exportation et 80% du revenu du pays... Malgré cela, la région reste extrêmement pauvre.
Quand ont commencé les troubles dans le delta ?
« Il y a une dizaine d'années, explique Laurent Fourchard, chercheur du Centre d'études d'Afrique noire de Bordeaux. Jusqu'en 1992, les mouvements étaient pacifistes. Mais en 1993, les choses ont changé avec l'affaire Ken Saro-Wiwa. » Cet activiste écologiste nigérian est alors porte-parole du Mosop, le mouvement pour la survie du peuple Ogoni, à l'origine de campagnes contre les compagnies pétrolières pour les dégâts écologiques commis dans le delta. « A l'issue d'un procès truqué, il est déclaré coupable d'incitation au meurtre et est pendu avec huit autres leaders du Mosop. Suite à cela, le mouvement s'est radicalisé. Les manifestations n'ayant pas abouti, les plus radicaux, dont les jeunes, ont pris les armes. » Avec le soutien de la population. « Violence, sous-développement, dommages environnementaux, et incapacité à mettre en place des institutions fédérales et locales crédibles : les racines de la rébellion au delta sont bien connues, souligne l'ONG International Crisis Group. La lente avancée des réformes et le manque de travail, d'électricité, d'eau, d'écoles et de cliniques dans de nombreux endroits du delta n'ont fait qu'augmenter les frustrations de la population et le soutien aux insurgés comme ceux du MEND. »
Qui sont les rebelles ?
De tous les séparatistes, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), formé en 2006, montre par ses actions, qu'il est mieux armé et organisé qu'aucun groupe ne l'a jamais été. « “Les héros'' actuels du Delta sont des personnages troubles, aux confins de l'activisme politique et du banditisme économique, analyse Jean-Christophe Servant dans Le Monde diplomatique. C'est le cas d'Alhaji Mujahid Dokubo Asari, chef du Niger Delta People's Volunteer Force (NDPVF) – Forces des volontaires du peuple du delta du Niger –, arrêté en septembre 2005 pour atteinte à la sûreté de l'Etat (en liberté provisoire depuis la semaine dernière). Ce quadragénaire, fils de notable qui s'est fait connaître au début des années 1990 sur les violents campus du delta, est emblématique de la dérive d'une jeunesse désœuvrée et déclassée, qui voit lui échapper les bénéfices de l'économie pétrolière. Militant ijaw (l'ethnie majoritaire dans le delta) il a dirigé une milice armée faisant le coup-de-poing pour l'appareil local du PDP, le parti au pouvoir. »
Que veulent-ils ?
En théorie, les rebelles demandent une redistribution des bénéfices du pétrole au profit de la population, exactement, que 50% des recettes du pétrole soient reversées à leur Etat au lieu des 13% perçus actuellement. « Mais en pratique, ils jouent un double jeu, nuance Laurent Fourchard. Les milices se disputent entre elles pour contrôler les pipelines ! Elles mènent des actions pour s'enrichir, sous un vernis idéologique : la lutte pour une meilleure répartition des richesses. » Les groupes rebelles réclament aussi des compensations (1,5 milliard de dollars pour le Mend) pour les dramatiques dégâts sur l'environnement causés par l'industrie pétrolifère. Le delta du Niger est aujourd'hui un des lieux les plus pollués de la planète. En cause : près de 7000 km de pipelines mais aussi des sabotages qui provoquent des lâchers de pétrole dans les rivières de la forêt, rendant impropres à la consommation les poissons du delta et de la mer. Le delta émettrait aussi la plus grosse quantité au monde de gaz à effet de serre : trente-cinq millions de tonnes de gaz carbonique seraient rejetées chaque année dans l'atmosphère.
Quels sont leurs moyens ?
« Il ne faut pas imaginer les rebelles isolés dans leurs marécages, prévient Laurent Fourchard. S'ils ne sont pas très nombreux – entre 1000 et 1500 —, ils sont en revanche tournés vers l'extérieur et très lourdement armés de mitrailleuses jusqu'aux bateaux pour attaquer les plate-formes pétrolières. » Leurs fonds proviennent, d'une part, de l'argent obtenu par la vente de pétrole illégalement siphonné des pipelines. D'autre part, comme l'indique un rapport de l'International Crisis Group, des paiements discrets des compagnies pétrolières en retour de la « surveillance » et de la protection des infrastructures. Mais aussi des rançons, même si le Mend tente de se distinguer en n'exigeant aucun argent. « Les rapts peuvent rapporter gros car, après quelques rapides négociations, la rançon demandée est toujours versée, précise Adèle Noirat. Aucune entreprise ne peut se permettre d'engager un bras de fer avec les ravisseurs, qui mettent en jeu la vie de ses employés. Quant à la police nigériane, elle a toujours un temps de retard sur les gangsters. »


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